Grâce à son projet caritatif de T-shirts mené depuis Los Angeles, Manu, le « fiancé » de « Flo Kitty », semble avoir recueilli une somme importante au profit de Life for Paris (lire l’épisode 8, « Au milieu des embrouilles, un soupçon naît »). La direction de l’association demande à Florence que ces fonds lui soient remis. La salariée demeure évasive, ses « relations avec Manu étant devenues compliquées ». Un jour, il lui fait une crise de jalousie. Un autre, il a un accident de voiture. Un autre encore, il a trop bu. Au milieu de l’automne 2017, le conseil d’administration la met au pied du mur. Si de l’argent a été récolté au nom de Life for Paris, il doit lui être versé au plus vite. Florence annonce alors qu’elle a rompu avec le bassiste. « Manu m’a tapé un sketch, laisse tomber, précise-t-elle à Stéphanie, la trésorière. Je l’ai bloqué sur mon téléphone. Il a été assez méchant. Pas trop envie de me faire insulter. J’ai bien fait quand tu vois sa réaction : ce que je me suis pris dans la tronche… »
Le 1er décembre 2017, le procès de Cédric R. s’ouvre au tribunal de grande instance de Versailles (lire l’épisode 11, « Au théâtre des fausses victimes »). Il est jugé pour tentative d’escroquerie au préjudice du Fonds de garantie. Aucun membre de Life for Paris n’a fait le déplacement. Il y a déjà un an et demi que l’ancien ambulancier a disparu du paysage de l’association (lire l’épisode 4, « Dans la fosse aux doutes »). Les rescapés ont préféré l’oublier.
À la barre, le prévenu fait profil bas. Cheveux courts, gestes respectueux, Cédric revient sur son parcours d’imposteur. Tout aurait commencé quelques jours après sa ruée nocturne vers le Bataclan, lorsqu’il est revenu sur les lieux de l’attaque. Près du mémorial, il aurait spontanément confié à une rescapée qu’il « y étai[t] », lui aussi. « Je voulais y être », appuie-t-il devant le tribunal. Le jeune homme s’est ensuite rapproché de Life for Paris (lire l’épisode 1, « “Hello, je suis une ‘impliquée’” »). Il tente de justifier son assiduité dans les rangs de l’association : « C’était une période où je n’allais pas bien du tout, je venais de me faire larguer. Avec ces gens-là, ça s’est inversé. C’est eux qui m’ont aidé, je me sentais bien auprès d’eux, alors j’ai continué à les voir. » Le président du tribunal l’interroge :
« Vous avez surjoué ?
Je ne surjouais pas, j’arrivais à ressentir cette souffrance.
Soit vous étiez vraiment en détresse, soit vous êtes un sacré comédien…
J’étais en détresse. Je m’étais trop enfoncé pour revenir en arrière. Je trouvais un soutien dont j’avais besoin. »
L’ancien ambulancier admet avoir aussi menti à ses parents. Son père et ses trois frères sont ingénieurs. Il dit avoir cherché dans la condition de victime