L’arrestation de Florence le 13 février 2018 suscite stupeur et incrédulité dans les rangs de Life for Paris. Seuls les membres du conseil d’administration y étaient préparés (lire l’épisode 12, « La fin de la course folle de Flo »). Pour les autres adhérents de l’association de survivants du 13 Novembre, la styliste restait une « mama » bienveillante, toujours disposée à les réconforter ou à leur donner l’accolade. « Elle nous faisait beaucoup de bien, reconnaît un rescapé du Bataclan. Si elle était morte du jour au lendemain, sans que personne n’ait connaissance de son imposture, je crois que je me serais rendu tous les jours sur sa tombe pour lui rendre hommage ! Aujourd’hui, à la lumière de ce qu’elle a fait, bien sûr, c’est différent. J’essaie de comprendre ce qui a pu se passer dans sa tête. Mais ça ne sert à rien : elle est encore plus barrée qu’un épisode de Twin Peaks… »
Les bénévoles qui avaient noué des liens d’amitié avec elle, eux, peinent davantage à s’en remettre. « L’attaque du Bataclan venait d’une certaine façon de l’intérieur, explique une adhérente. Les trois terroristes étaient français, ce qui n’était pas le cas des autres commandos du 13 Novembre. Cette menace intérieure nous a surpris au milieu d’un concert, dans un moment de plaisir et d’intimité. Si l’imposture de Florence me paraît si violente, c’est parce qu’elle réactive ce schéma. Elle a fait irruption à l’intérieur même de Life for Paris, dans ce sanctuaire où l’on essayait de se reconstruire à l’abri des regards indiscrets. Pour cette raison, l’usurpation de Florence m’a fait plus de mal que l’attentat lui-même. » Quant à Stéphanie Z., la trésorière, elle envisage un moment de se rendre à la maison d’arrêt de Fresnes pour s’expliquer avec son ancienne amie, avant de se raviser.
Madame Florence M. ne présente aucun état dangereux au sens psychiatrique du terme. Madame Florence M. est accessible à une sanction pénale.
Commise d’office, l’avocate de Florence n’a nullement l’intention d’expédier son dossier. Dans l’attente du procès, elle demande au tribunal d’établir des expertises psychologiques et psychiatriques. Autant de documents qui lui permettront d’attirer l’attention sur le passé difficile de sa cliente. Et peut-être même de la rendre inaccessible à une sanction pénale, en vertu d’une éventuelle « abolition du discernement ». Un avocat des parties civiles, qui a déjà participé aux procès d’autres fausses victimes, attend quant à lui les résultats avec appréhension, conscient que cette stratégie est la seule capable de soustraire la prévenue à une condamnation.
Voici le rapport d’expertise effectué le 8 mars 2018 :