Trois jours après le concert des Eagles of Death Metal à l’Olympia, Florence publie un message sur la page secrète de Life for Paris : « Manifestement la greffe de Greg (Blackwidow Grib) s’est bien passée, il n’est pas encore remonté de la salle de réveil, je vous tiens au courant dès que j’en sais plus. » Plusieurs rescapés ajoutent un like à son post et lui envoient des messages de soutien. « OK, biz à lui dès que tu peux lui faire et biz à toi aussi », écrit l’un d’eux. « Transmets-lui nos plus grands encouragements et notre amitié la plus forte qui soit », commente un autre.
Depuis le concert de l’Olympia, des tensions sont apparues sur le forum. Jean-Luc B., l’athlète aux mains baladeuses, fait l’objet de remarques désobligeantes. Son bon de commande pour la vente de tee-shirts pirates a été retiré de la page secrète, mais son attitude demeure imprévisible. Il envoie à certaines adhérentes des messages cavaliers qui confinent au harcèlement. L’athlète aurait volé des vêtements à une rescapée du Carillon, Alexandra D., après être passé chez elle. Florence voit en lui un « sérieux désaxé ». Elle avoue aux autres bénévoles que Jean-Luc lui a pris quelque chose, à elle aussi, au cours d’un apéro : « Il s’est permis de me piquer mon paquet de clopes… » Elle ne le condamne pas pour autant : « Je suis d’un naturel optimiste, c’est ce qui m’a permis de toujours garder le cap ! J’ai bossé de longues années dans la jungle du rock et de la nuit. »
Un autre feu couve sur la page secrète (lire l’épisode 2, « Aux manettes du forum »). Cédric R. a quitté le forum du jour au lendemain. Un carré d’adhérents le soupçonne d’être une fausse victime. Au cours des « apéros thérapies », l’ancien ambulancier a en effet formulé de curieuses requêtes. Il a demandé à d’autres rescapés de témoigner de sa présence devant le Bataclan. Le soir du 13 Novembre, plusieurs survivants l’ont bien aperçu dans le café Le Baromètre, boulevard Voltaire, à cent mètres de la salle de concert mais personne ne se souvient de lui devant le Bataclan au moment de l’attaque. « Ça m’ennuie un peu pour mes démarches auprès du Fonds de garantie, se lamente-t-il devant ses compagnons d’apéro. Vu comme c’est parti, je risque d’être indemnisé dans cinq ans. J’aurais mieux fait d’aller voir les Eagles of Death Metal. Mais non, comme un con, je passais par là et j’ai bu une Carlsberg à la terrasse du Bataclan Café. C’est pas aussi facile pour moi que pour vous, je n’ai pas de place de concert à montrer… »
Les survivants sollicités bottent en touche, lui suggérant de porter plainte à la police.