Que se passe-t-il quand on se prend une motion de défiance, et une sévère, dans les dents ? Dans le meilleur des cas, on démissionne ; a minima, on la joue profil bas. À Paris Match, rien. Depuis que, dimanche, les journalistes ont voté à 97 % une motion de défiance contre leur direction suite à l’éviction brutale de Bruno Jeudy, il ne se passe rien. Les récipiendaires de la motion, le directeur général Patrick Mahé et la directrice de la rédaction Caroline Mangez, font comme si de rien n’était. Le premier a tout de même écourté ses vacances pour revenir à la rédaction lundi, jour de bouclage à Paris Match. « Il distribue les checks et les “salut mon pote” », raconte un journaliste ; la seconde se contente d’être « plus souriante que d’habitude ». « Ils ont décidé de traiter ça par le mépris » constate-t-on, fataliste, à la rédaction.
Comme d’habitude, c’est Constance Benqué, présidente du pôle news de Lagardère, qui s’y est collée comme elle l’avait fait à Europe 1, jouant sa partition de pompière de service entre caresse et gifle (lire l’épisode 10, « Europe 1 : “Vous êtes déjà salariés de Vincent Bolloré dans les faits” »). En l’espèce, plutôt gifle d’ailleurs puisque mercredi, elle a fini par adresser un mail plutôt sec à la Société des journalistes (SDJ) de Paris Match. Lundi, après le résultat de la motion de défiance, Constance Benqué avait invité la SDJ à la rencontrer, en réponse à quoi la SDJ lui avait demandé de venir s’exprimer devant toute la rédaction puisque c’est elle qui, à 97 %, venait de désavouer sa direction. Refus, réinvitation, rerefus et bon, comme on ne va pas passer le réveillon là-dessus, mail de Benqué dont Les Jours ont eu copie et qu’on pourrait résumer par « allez bien vous faire cuire le cul », mais c’est pas le genre de la maison où l’on préfère poignarder en termes châtiés.
Il n’existe donc aucun lien entre le départ de Bruno Jeudy et les échanges qu’il a pu avoir avec sa direction au sujet de la politique éditoriale de “Paris Match”.
Ça commence sec comme le lit d’une rivière fin août 2022 : « Je déplore votre refus d’échanger de vive voix et suis très surprise que vous ne souhaitiez relayer la parole des journalistes que vous représentez. » Et ça se poursuit dans le même taux d’hygrométrie par les observations de Constance Benqué sur la motion de défiance : non, « il n’est pas question en l’espèce d’une éviction de Bruno Jeudy au motif d’un quelconque désaccord sur la ligne éditoriale » mais « la direction de Paris Match et Bruno Jeudy sont convenus de mettre un terme à leur collaboration ». Note des