Seule devant l’entrée de l’Assemblée nationale réservée à la presse, Brigitte Gothière téléphone en faisant les cent pas, ce mardi midi. La dirigeante de l’association de protection animale L214 tente de faire passer son message malgré son isolement et le bruit des voitures : elle souhaite que des décisions radicales et rapides soient prises pour enfin faire cesser l’horreur
dans les abattoirs. La veille, elle nous avait appris, déçue, qu’elle n’était pas conviée à la présentation du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les abattoirs. Rapport pourtant commandé à la suite des révélations de son association.
Ce mardi en fin de matinée, c’est bien sans elle que les députés Olivier Falorni (divers gauche) et Jean-Yves Caullet (PS) ont présenté à la presse leurs 65 mesures pragmatiques et opérationnelles
. Ils ont salué le rôle de lanceur d’alerte de l’association, tout en précisant que leur commission s’était refusée à aborder l’objectif de L214, à savoir la fin de la consommation de produits issus des animaux (lire l’épisode 3, « L214, la vidéo dans le sang »). La liste des propositions se veut aussi à l’opposé de la démarche de l’association : surtout ne rien suggérer qui risque d’entraîner des blocages juridiques ou de longues polémiques. C’est comme ça qu’on met les choses en mouvement
, a assuré le rapporteur Jean-Yves Caullet. Quelque chose va-t-il changer dans les abattoirs ? Voici en tout cas ce que préconisent les députés pour réduire la souffrance des animaux, mais aussi celle, au travail, des salariés des abattoirs, apparue au fil de la commission comme l’une des problématiques de la filière.
Tout est parti de caméras installées en cachette dans des abattoirs par des taupes de L214. La solution ? D’autres caméras, légales cette fois. Depuis le début des travaux, le président de la commission, Olivier Falorni, a répété son enthousiasme à ce sujet. C’est logiquement aujourd’hui l’une des mesures phares du rapport. Selon lui, la proposition est assez populaire. En juin, il nous confiait :