Maxime Rekik est mort. Il est mort à 25 ans, le 12 septembre 2022 à 4 h 10, en vomissant du sang. Il a agonisé dans sa cellule du centre pénitentiaire de Rennes-Vezin, en Ille-et-Vilaine, sous les yeux de son codétenu qui a tenté de prévenir le personnel de nuit. « Pendant sept heures, personne n’a appelé les secours alors que les surveillants avaient pourtant constaté à 20 h 55 que Maxime Rekik était mourant », peut-on lire dans la plainte déposée contre X par la mère et la compagne de Maxime Rekik auprès du procureur de la République de Rennes pour non-assistance à personne en danger et homicide involontaire. Le codétenu, lui, a déposé plainte contre X pour tortures et actes de barbarie. À la suite de cet événement, et de sa médiatisation dans Le Télégramme, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti a diligenté une enquête de l’Inspection générale de l’administration (IGA) qui devrait durer quatre mois. Du côté de la justice aussi, des investigations sont menées. L’affaire est donc prise au sérieux.
Ça n’a pas toujours été le cas dans cette prison bretonne, située à Vezin-le-Coquet, à moins de dix kilomètres de Rennes, où les dysfonctionnements ne datent pas d’hier. Au premier rang desquels figurent des accusations récurrentes de violences commises par des surveillants (lire l’épisode 2, « Violences en prison : omerta sur les matons »). Entre 2014 et 2022, de multiples signalements ont été effectués auprès du procureur de la République, de la direction de Rennes-Vezin et des ministres de la Justice successifs. Il y a eu deux rapports de l’inspection des services en 2014 et 2015 puis un du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) en 2017, lequel a entraîné trois saisines du ministère de la Justice. Sans réponse à ce jour. D’après nos informations, depuis sa visite il y a près de six ans, le CGLPL a reçu une trentaine de saisines de détenus. Enfin, entre 2018 et 2021, au moins huit plaintes pénales ont été déposées par des détenus pour des faits de violences de la part de surveillants. Le Télégramme en a dévoilé cinq dans ses colonnes au fil des ans et Le Parisien, une. Les Jours en révèlent aujourd’hui deux de plus.