Le 30 mai 1987, à Malakoff, dans les Hauts-de-Seine, Hemma Greedharry, 10 ans, se rend dans une papeterie acheter une équerre avec les dix francs que lui a donnés son père. À son retour, elle est enlevée dans un véhicule ; son corps est retrouvé dans l’après-midi, dénudé et en partie calciné, sur le parking d’une cité HLM. L’autopsie montrera qu’elle a été violée et étranglée. Le mois suivant, un rapprochement est effectué avec le meurtre d’une autre petite fille dans l’Essonne, Sabine Dumont, âgée de 9 ans. Le 27 juin 1987, elle part seule, comme Hemma, acheter de la peinture pour faire un dessin à sa sœur qui vient d’accoucher. Elle disparaît sur le chemin du retour. Son corps sera retrouvé dénudé le lendemain, au bord d’une nationale. Les enquêtes ne donneront rien, malgré des rapprochements ultérieurs avec deux autres homicides commis sur le territoire d’une autre juridiction, en Seine-et-Marne : celui de la petite Virginie Delmas, disparue le 5 mai 1987 en Seine-Saint-Denis et retrouvée morte cinq mois plus tard, et celui de Perrine Vigneron, 7 ans, enlevée le 3 juin 1987 et dont le corps sera découvert à la fin du même mois.
Trente-cinq ans après cet infernal printemps, le dossier Greedharry va être parmi les premiers à être rouverts par le tout nouveau pôle dédié aux meurtres anciens non résolus et aux crimes en série, installé en mars à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Le parquet de Nanterre, à qui Évry a envoyé le dossier Dumont, a par ailleurs donné son feu vert pour qu’il soit repris au pôle. Enfin, pour les dossiers Delmas et Vigneron, instruits à Bobigny, « il n’est pas exclu que le pôle puisse s’en saisir dans l’avenir », dit-on au parquet, compte tenu de l’existence possible d’un seul et même auteur, ce qui est un des critères d’action de la nouvelle structure. Ce sera un premier cas d’école de dossiers morcelés, refermés parfois par des non-lieux, conduits par des services d’enquête et des juges différents, qui vont être passés au crible de nouvelles méthodes. « Notre démarche est à la fois très déterminée et menée avec beaucoup d’humilité », a indiqué mercredi dernier le procureur de Nanterre Pascal Prache, lors d’une conférence de presse. Le parquet de Nanterre mettra trois magistrats au service de la nouvelle structure et il mesure déjà l’abîme qui s’ouvre devant lui, celui de toute la souffrance accumulée du fait des échecs de ses prédécesseurs.