Ravira-t-elle le IXe arrondissement ? Le Ve aussi ? Le suspense est tellement plein de suspense qu’on ne cesse de se ronger les sangs, ce serait incroyable ! Un séisme ! Un tsunami ! Oui, jouriste non parisien, nous faisons légèrement monter la mayonnaise du deuxième tour des municipales que l’épidémie a sérieusement confiné assez loin dans les préoccupations des citoyens. Et puis, c’est Paris, tout de même, et sa bataille rituelle pour emporter l’hôtel de ville.
Quoi qu’on pense du dénouement absolument incertain qui verra Anne Hidalgo se succéder à elle-même (oups, on a spoilé), les résultats de ce dimanche soir à Paris devraient être, pour le parti créé par Emmanuel Macron, à l’image de la campagne d’En marche pour ces municipales 2020 : désastreux. Rions, au hasard, avec Gérard Collomb, macroniste avant que le terme soit inventé, qui, à Lyon, s’est vu retirer l’investiture En marche après s’être piteusement rallié à la droite longtemps ennemie. L’autre grande incarnation de cette déroute sera, à n’en pas douter, Agnès Buzyn, dans la capitale qui avait pourtant placé Emmanuel Macron loin devant ses poursuivants en 2017 avec 34 % des voix au premier tour de la présidentielle, dix points au-dessus de sa moyenne nationale. Profitez-en, car Emmanuel Macron va s’empresser de balayer la défaite sous le tapis d’un remaniement et d’un machin qu’il appelle « le nouveau chemin », sorte de feuille de route vers le monde d’après mais, en vrai, de la présidentielle de 2022.
En guise d’apéritif à la soirée électorale que Les Jours vous raconteront ce dimanche en direct à partir de 19 h 30 (venez nombreux), voici le bilan de campagne des trois candidates parisiennes. À déguster accompagné bien sûr de « L’arène de Lutèce », notre simulateur pour déterminer celle qui remportera Paris.
Symbole d’une Macronie en capilotade municipales, Agnès Buzyn devrait, en plus, sortir de cette campagne très abîmée personnellement. Arrivée troisième du premier tour avec 17,26 %, et ayant échoué à rallier Cédric Villani, le candidat LREM dissident, pour le deuxième tour, ses chances de gagner ce dimanche sont infimes. Mais le pire pour elle n’est pas cet échec prévisible : venue en catastrophe remplacer Benjamin Griveaux, parti après qu’une vidéo masturbatoire a été rendue publique, elle peut se dire qu’elle a sauvé les meubles en ne faisant pas un score ridicule. Mais non, ce que cette campagne a montré, c’est la fragilité de l’ex-ministre de la Santé, associée à une légèreté coupable.
On s’attendait à trouver une femme compétente et solide : Agnès Buzyn a été médecin et a fait carrière comme responsable de diverses autorités de santé avant d’intégrer le gouvernement d’Édouard Philippe.