La lettre est arrivée ce mercredi sous pli discret, recouverte d’un blister gris souris – ou plutôt rat, on est à Paris –, tout aussi discret que le contenu qu’elle promeut : le deuxième tour des élections municipales. Car ne l’oublions pas : malgré ce déconfinement des humeurs les plus variées, où l’on semble voter plutôt par clé d’étranglement et caillasses dans la tronche, quelque 16 millions d’électeurs doivent, le 28 juin prochain, glisser un bulletin dans l’urne. Une sacrée paille, tout de même : un bon tiers du corps électoral quand les deux autres tiers ont, dès le premier tour, équipé d’un maire 30 143 communes, y compris celles que racontaient jusqu’alors Les Jours dans Sur la vie de mon maire, Hayange (un maire RN, Fabien Engelmann) et Courson (un sixième mandat pour Jean-Claude Denos). S’agirait pourtant de pas trop s’en tamponner le coquillard, de ce deuxième tour, même si, à Paris, il semble joué d’avance, ainsi qu’en témoigne notre simulateur de second tour « Les arènes de Lutèce », où les configurations donnant Anne Hidalgo perdante sont rares. Même si la campagne est chétive, sans meeting et avec masque, chacune des trois candidates parisiennes s’escrimant chacune dans son couloir. Du moins jusqu’au premier débat qui a pu réunir enfin le trio ce mercredi soir à la télé, joie ! Voyez, la période est tellement étrange que nos petits cœurs citoyens se sont serrés à la perspective d’un petit éclair démocratique d’une heure à peine diffusé sur France 3 Paris-Île-de-France…
Drôle de configuration que celle de ce plateau : à gauche, seule, Anne Hidalgo ; à droite, face à la maîtresse, pardon, la maire et ses 29,33 % du premier tour, côte à côte, Agnès Buzyn (17,26 %) et Rachida Dati (22,72 %). La distance entre les deux prétendantes semble respectée même si, bien vite, en fait de mètre réglementaire elles se retrouvent plutôt à portée de baffe. Car si la disposition du plateau appelait les deux outsiders à cogner sur Anne Hidalgo, le débat a en effet tourné rapidos à un affrontement entre l’une et l’autre, au plus grand plaisir de la troisième, regardant les balles passer avec un sourire de chat du Cheshire. Oh, bien sûr, il y a eu les classiques imprécations de Rachida Dati contre Anne Hidalgo sur la saleté de Paris, sur sa gestion de la ville (