Qui a eu la peau d’Hervé Gattegno ? À qui appartiennent les empreintes digitales que l’on va retrouver sur le manche du couteau que le groupe Lagardère a logé dans le dos du directeur de Paris Match et du Journal du dimanche ? C’est Le crime de l’Orient-Express, cette affaire, tant les suspects sont nombreux et auraient pu, tous, signer l’éviction du journaliste, depuis Cyril Hanouna jusqu’à Éric Zemmour et surtout, évidemment, l’incontournable Vincent Bolloré. De toute façon, rien, chez Lagardère, ne se décide plus sans l’aval, au minimum, de l’homme d’affaires qui a lancé en septembre une OPA sur le groupe, venant entériner officiellement l’emprise qu’il exerce déjà pleinement dans les faits. Pour plusieurs journalistes des deux titres, c’est limpide : « Après Europe 1, c’est le tour de Match et du JDD. » « La bollorisation en marche », tranche une autre.
C’est Hervé Gattegno – arrivé en 2016 à la tête du JDD à la suite de Jérôme Bellay avant de prendre aussi et simultanément celle de Paris Match en 2019 où il succède alors à Olivier Royant, décédé depuis –, qui a annoncé la nouvelle en personne lors de la conférence de rédaction du JDD ce mardi à 10 heures. Pour l’occasion, la réunion traditionnelle qui prépare le numéro du dimanche suivant a été avancée d’une heure et demie. Là, Gattegno, « ému », selon des témoins, a lu un texte, se disant « triste et fier », fier d’avoir « réveillé un vieux septuagénaire ». Quatre minutes de discours, trente secondes d’applaudissements et des questions des journalistes, portant sur la ligne éditoriale à venir et faisant immédiatement le parallèle avec Europe 1. « Un journal, c’est pas une armée, c’est pas une caserne », a espéré Gattegno, s’abritant derrière la clause de confidentialité incluse dans les négos de son départ qui prend effet immédiatement. Il s’est prêté au même exercice à 15 h 15, cette fois à la conférence de Paris Match. Mais dans les deux rédactions, un point commun : les journalistes sont rares à pleurer Hervé Gattegno et leurs griefs le rhabillent pour l’hiver, le printemps et l’été prochains minimum.
Un climat délétère et destructeur (burn-out, arrêts de travail, appels de détresse, pensées suicidaires, intimidation d’élus…).
Il y a d’abord, décrit un élu du personnel, « un climat social très très tendu » du fait du « management brutal » d’Hervé Gattegno. Dans une lettre adressée le 18 juin dernier à la direction (