Comment les plateformes de streaming, et Spotify avant toute chose, qui se sont imposées auprès des professionnels de la musique comme des auditeurs en proposant une sortie de crise aux chaotiques années 2000, sont-elles devenues les méchantes de cette année 2020 ? À vrai dire, on l’a senti venir aux Jours, les jouristes qui ont lu les trois saisons précédentes de La fête du stream savent bien que tous les reproches qui sont faits au streaming aujourd’hui sont bien connus depuis pfiouuuu… au moins depuis toujours. La critique du modèle économique de la musique, c’est même une histoire sans fin. Enfourchons donc un dragon poilu pour la raconter.
Au milieu des années 2000, l’économie de la musique est un champ de ruines. La tempête parfaite créée quelques années plus tôt par le mp3 (la musique compressée), le haut débit et Napster (les échanges directs entre internautes) a mis un siècle de business en pièces. Trop rigides, trop concentrées, trop hésitantes à aller vers le numérique, les majors du secteur comme les grands gestionnaires de droit (la Sacem en France) ont échoué à faire naître une nouvelle économie de la musique et se sont fâchées au passage avec les auditeurs
Quand les jeunes plateformes Deezer, en France, et Spotify, en Suède, négocient avec Universal, Sony et Warner ou la Sacem, entre 2006 et 2007, elles ne sont pas en position de force. Elles apportent une idée qui pourrait enfin réinjecter un peu d’argent dans la musique, elles fournissent de la technologie aussi, mais c’est tout. Toute la valeur est dans les mains des majors : ce sont les tubes du moment, les albums classiques des décennies précédentes et l’infinie richesse de catalogues rachetés au fil des ans.