Attila Bolloré. Ce surnom manquait certainement à la panoplie de l’actionnaire majoritaire de Canal+ mais il vient enfin de le décrocher : car là où Vincent Bolloré passe, le gazon ne repousse pas. L’appel d’offres lancé par la Ligue de football professionnel (LFP) arrivait à échéance ce lundi à midi et son résultat est tombé quelques heures plus tard : nibe. Aucune des offres n’a atteint le prix de réserve fixé par la LFP, et aucune n’émanait de Canal+. Balle au centre, on recommence, serait-on tenté d’ajouter mais non : désormais, la partie va se jouer entre un Bolloré tout puissant et un monde du foot à sa merci.
En trente-six ans et trois mois d’existence, ce n’était jamais arrivé. Pour la première fois depuis sa naissance en 1984, Canal+ a dit non au ballon. Cinq jours après l’ouverture de son antenne, la chaîne cryptée diffusait son premier match de Ligue 1 (Nantes-Monaco, but de la tête à la 58e du Nantais Vahid Halilhodzić sur un centre de José Touré), inaugurant un lien qu’on croyait indéfectible avec le football français. Du moins l’était-il, bon an mal an, jusqu’à ce lundi : Canal+ n’a pas participé à l’appel d’offres lancé en catastrophe par la LFP pour pallier le fiasco du groupe espagnol Mediapro, infoutu de payer dès la première saison les droits télé qu’il avait acquis en 2018 au prix non pas de l’or mais de l’or, du rubis et aussi de la peau des fesses de l’ensemble des joueurs de Ligue 1 : 780 millions d’euros par an, auxquels s’ajoutaient les 330 millions d’euros pour les droits initialement acquis par BeIn Sports et finalement rachetés par Canal+ (qui s’était retrouvé le bec dans l’eau à l’issue de l’appel d’offres de 2018) et les 42 millions déboursés par Free pour la diffusion en léger différé des meilleures actions de chaque journée. Bref, 1,15 milliard dans les poches de la Ligue et donc des clubs, jusqu’à ce que patatras, Mediapro et nouvel appel d’offres.
Les enveloppes ont été ouvertes et seuls cinq candidats ont fait des offres, parmi lesquels, pour les plus sérieux, Amazon, Eurosport (détenu par le groupe Discovery), DAZN, une plateforme de streaming sportif britannique. Mais aucun au montant espéré par la Ligue. Pas de trace de Canal+, donc, ce qui était logique. Mais pas de BeIn Sports non plus, dont les poches sont pourtant à ce point profondes qu’elles forment un tunnel pavé de lingots jusqu’au Qatar, richissime propriétaire de la chaîne et du PSG.