D’Israël
Deux mois après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, qui a fait officiellement 1 200 morts israéliens, il reste encore 138 otages dans Gaza. Un peu moins d’une centaine ont été libérés (lire l’épisode 5, « Des libérations, une trêve mais pas de repos »), marquant l’imaginaire de l’État hébreu au fer rouge avec ses récits de violences et d’obscurité. Mais les familles de ceux qui restent désespèrent : les négociations pour leur libération ont tourné court. Le gouvernement privilégie l’option militaire, son armée pilonne l’enclave côtière martyrisée, où 80 % de la population est déplacée et où au moins 17 000 personnes sont déjà mortes, selon le Hamas. Tsahal nettoie un chemin pour ses tanks et ses troupes d’élite. Côté Israël, le Premier ministre Benyamin Netanyahou est pris à partie publiquement par les familles des otages qui l’accusent de les ignorer, enfermé dans une tour d’ivoire (lire l’épisode 4, « Netanyahou enfoncé dans les tranchées »). La crise politique est profonde.
Au moins autant qu’en 1976, quand sa carrière politique a commencé. Par une prise d’otages déjà. Et une rocambolesque opération de sauvetage. Ce 4 juillet 1976, la nuit est déjà tombée quand une centaine de membres des commandos israéliens s’envolent pour le Kenya avec, comme destination finale, l’aéroport d’Entebbe, en Ouganda. Deux Palestiniens et deux Allemands y retiennent 94 otages juifs, la plupart israéliens, passagers d’un vol d’Air France détourné entre Athènes et Paris. Ils demandent un échange contre des prisonniers palestiniens ; mais Tel-Aviv pense pouvoir régler la situation grâce à sa prestigieuse unité d’élite, Sayeret Matkal, où Benyamin Netanyahou a, quelques années plus tôt, fait son service militaire. C’est son frère, le lieutenant-colonel Yonatan Netanyahou, qui est à la tête de l’opération. De trois ans son aîné, « Yoni » est brillant, destiné à accéder aux plus hauts niveaux de l’establishment israélien. Mais il est mortellement blessé pendant l’opération, qui est pourtant officiellement un succès : seuls quatre otages meurent.
À plusieurs milliers de kilomètres, les feux d’artifice explosent dans le ciel de Boston où Ben Nitay, économiste diplômé d’Harvard et du MIT, fête le bicentenaire des États-Unis avec des amis. À 27 ans, il est déjà marié. Il est athlétique, a la mâchoire carrée et un charisme naturel. Il parle avec assurance, un anglais parfait, une diction d’orateur, un ton grave et inspiré.