Jazmine Sullivan, Heaux Tales (RCA, 2021)
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Jazmine Sullivan, 33 ans aujourd’hui, est une discrète. Fille d’une choriste du grand label afro-américain des années 1970 Philadelphia International, pourvoyeur d’une soul luxuriante qui annonçait aussi la house et le R’nB, elle a appris à chanter très tôt avant d’en faire sa formation scolaire et de débuter dans différents chœurs de sa ville, Philadelphie. C’est là que sa voix de mezzo-soprano pleine de grain, claire mais pas lisse, a vite été repérée. Devenue choriste de studio, c’est Missy Elliott, actrice centrale de la fusion entre rap et R’nB, qui l’a poussée avant de coproduire son premier album en 2008, le bien nommé Fearless. Mais, si Jazmine Sullivan n’a pas peur d’être une femme talentueuse, sa musique ne roule jamais des mécaniques, ne démarre jamais sans une bonne composition et des idées. Elle a même mis sa carrière entre parenthèses entre 2011 et 2014, expliquant avoir besoin de temps pour penser. Il faut avoir les appuis nécessaires et une communauté de fans bien accrochés pour se permettre ce pas de côté dans un monde qui demande le contraire : une présence démultipliée et permanente. Mais la musique de Jazmine Sullivan fait les choses à l’ancienne pour rester en pointe.
Heaux Tales a ainsi pris presque six ans pour naître et devenir peu à peu un concept-album, un disque centré sur un seul récit : celui de femmes, amies plus ou moins proches de Jazmine Sullivan, qui racontent leur indépendance, leur rapport aux hommes et au sexe comme arme d’émancipation.