Tapir!, The Pilgrim, Their God and the King of My Decrepit Mountain (Heavenly Recordings, 2024)
Comme le disent le cliché et les parents aux enfants qui râlent pendant une randonnée : l’important ce n’est pas la destination, mais le voyage. C’est totalement le programme du premier album de Tapir!, un jeune sextet londonien que l’on a patiemment vu venir depuis la publication, au printemps 2023, de deux mini-albums nommés Act 1 et Act 2. Ils racontaient un même voyage qui trouve aujourd’hui sa conclusion dans un Act 3, le tout étant rassemblé dans un long format sous le nom The Pilgrim, Their God and the King of My Decrepit Mountain. L’ensemble forme un récit pop mélancolique et délicatement hypnotique caché dans des chansons pleines de méandres qui se promènent entre folk ténu, mélodies frontales et les chœurs bras-dessus bras-dessous de la pop indépendante des années 2000
Tapir! est né dans le sud de Londres pendant le confinement, pour passer le temps de quatre ami·e·s à distance, qui empilaient des bouts de chansons avant de se décider à se lancer et à remplacer le point d’interrogation qu’ils avaient mis à la fin de leur nom animal par un point d’exclamation conquérant. Mais où aller, quand ses moyens sont la guitare, la batterie et tous les instruments des chansons pop qui ont déjà tout vécu et s’étalent en trois clics sur les plateformes de streaming ? Comment oser y poser une pierre de plus quand notre époque traîne tout son passé à chacun de ses pas, que chaque piste se trouve déjà explorée par d’autres ? La réponse de Tapir! a été de s’inventer une histoire pour s’y accrocher, vécue par un personnage au long nez rouge en papier mâché qui donne une cohérence à toute leur musique.
Voici donc l’histoire d’un pèlerin qui part en quête d’on ne sait quoi dans un monde qui n’est pas complètement le nôtre, gravit des montagnes et rencontre des créatures vaguement bibliques. Tout cela n’est pas vraiment important au final, c’est la contrainte que s’est imposée Tapir! pour essayer d’aller quelque part avec sa musique. Et c’est tant mieux à la fin, car ce voyage a surtout été le leur, au fil de l’écriture chronologique des trois actes que l’on découvre aujourd’hui dans leur remarquable cohérence. Paisible et dans l’attente de quelque chose, l’