Jaimie Branch, Fly or Die Fly or Die Fly or Die ((world war)) (International Anthem, 2023)
Semaine après semaine, cette chronique musicale marche sur un fil qui essaye de mêler le méconnu et le très populaire, le proche et le lointain, le futur et le passé. Surtout, il faut que les deux œuvres choisies se répondent d’une façon qui a du sens
On a déjà parlé de Jaimie Branch dans cette chronique en 2019 (lire l’épisode 19 de la saison 1, « Jaimie Branch rebranche John Lurie »). À l’époque, elle et son trio sortaient leur deuxième disque, Fly or Die II: Bird Dogs of Paradise, et prenaient le monde du jazz d’assaut avec un tempérament qu’on n’y croise plus beaucoup. Car il n’y a rien de poli chez Jaimie Branch, pas de costume de scène mais des baggys et une casquette vissée bien profond, des T-shirts XXL et une attitude renfrognée héritée de son passé dans des groupes punks autant que dans le ska-punk des années 1990. À la voir débarquer comme ça, on l’aurait davantage imaginée jouer avec les chicanos de Voodoo Glow Skulls dans des salles ruisselantes, mais tout était bien différent dès que sa trompette s’animait dans des improvisations touchantes et colériques : « Je pense chaque note que je joue », avait l’habitude de dire Jaimie Branch, qui mettait toute sa vie de galère et ses passions musicales dans son jeu parfaitement mal fagoté et puissamment mélodique.
Née en 1983 à Long Island avant de grandir à Chicago, Jaimie Branch est venue à la trompette parce que toute la famille jouait d’un instrument, puis elle en a fait une passion absolue.