Produced by Tony Visconti, coffrets 4 CD, 2 LP, 6 LP (Demon Music Group, 2023)
«J’aime l’inhabituel, le nouveau venu, tout ce qui est à l’écart de l’évident », écrit le producteur américain Tony Visconti dans les notes de pochette de l’impeccable édition collector qui célèbre ses cinq décennies derrière la console d’enregistrement, où il a croisé la route de jeunes artistes devenu·e·s stars ou resté·e·s dans l’anonymat malgré sa participation à leur furtive carrière. C’est un objet particulier que cette collection de chansons choisies par Visconti lui-même, qui s’étendent de 1968 aux années 2010 sans refermer pour autant son histoire puisqu’à 79 ans, il continue à produire des artistes de loin en loin. De classiques en chansons oubliées, on y traverse les époques dans un fascinant portrait artistique en creux qui nous dit avant tout une chose : il n’y a pas un « son Visconti » comme il y a une patte Phil Spector (lire l’épisode 28 de la saison 1, « Tout ce que je veux pour Noël, c’est Mariah Carey (et Phil Spector) ») ou Max Martin (lire l’épisode 136 de la saison 1, « L’instant suédois de Beyoncé ») immédiatement reconnaissable, mais plutôt une façon très souple et ouverte de faire sortir la musique des artistes.
Né à New York, Tony Visconti a connu un début de carrière de musicien dans les clubs jazz et rock de sa ville dans les années 1960, mais c’est à Londres que sa carrière a pris sens. Invité à traverser l’Atlantique par le producteur Denny Cordell parce qu’il était autant capable d’organiser la prise de son de tous les instruments du jazz que d’écrire des partitions pour les arrangements inventés sur place, Visconti s’est retrouvé projeté d’un coup dans le bouillonnement londonien de la fin des sixties. Dans la foulée des Beatles et autres Kinks, c’était alors la course aux nouvelles têtes du rock. Visconti, lui, traînait avec deux amis ambitieux : Marc Bolan et son groupe Tyrannosaurus Rex, et David Bowie, qui venait de sortir en 1969 un premier album de jeune premier où le producteur a tout de suite vu autre chose, une capacité à se réinventer. Ce coffret raconte largement leur travail en commun, à travers quelques morceaux finement choisis et pas uniquement les tubes rabâchés, de T. Rex à la carrière solo de Marc Bolan avant qu’elle ne termine contre un arbre en 1977 ; tandis que la longue collaboration avec Bowie a donné