«Vous venez pour la visite guidée ? », lance Sarah, notre accompagnatrice d’Extinction Rebellion pour l’action prévue dans quelques dizaines de minutes. Le passant aurait pu s’y tromper en effet, avec ce groupe d’une grosse vingtaine de journalistes et photographes qui poireautent sagement sous la bruine du parc de Choisy, dans le XIIIe arrondissement de Paris. Mais non, bien sûr, ce n’est pas un préambule matutinal à la Nuit blanche, événement artistique parisien, qui nous a fait nous lever ce samedi 5 octobre. C’est « RIO BRAVO », nom de code de l’avant-première française de la « Rébellion internationale d’octobre » (RIO). Pendant une semaine, les mouvements XR de plusieurs pays du monde vont mener des actions de blocage dans leurs capitales. À Paris, la « dernière occupation avant la fin du monde », le titre annoncé du prologue, augure d’une autre nuit sans sommeil. Alors que la RIO bat désormais son plein avec l’occupation, ce lundi, de la place du Châtelet à Paris par quelque 2 000 « rebelles » bien déterminés à passer au moins la nuit sur place, on vous raconte la générale.
Une fois les portables coupés – sait-on quelles oreilles traînent sur les réseaux cellulaires ? –, on apprend donc que le lieu occupé, encore tenu secret, aura plusieurs étages, qu’une fois qu’on sera rentrés, on pourra sortir, mais alors plus rerentrer, et que bon, on est en avance parce qu’à la différence des activistes, les journalistes semblent à l’heure, donc autant ne pas se presser. C’est donc tranquillement et téléphones rallumés qu’on se dirige à pied vers ce qui apparaît comme le centre commercial Italie 2 et son lot de marques globalisées. Le voici donc ce « lieu emblématique » du « système économique injuste et destructeur » visé, comme annoncé publiquement sur Facebook, par Extinction Rebellion, le mouvement de désobéissance écolo non-violent qui alerte sur la crise environnementale (lire l’épisode 1, « Rebelles avec une cause »), et huit autres organisations conviées à faire dérailler le shopping du samedi. Figurent parmi elles des comités de gilets jaunes, le collectif Justice pour Adama et d’autres organisations militantes de désobéissance civile et écologistes. « C’est un moment charnière en France, le contexte est particulier, m’avait expliqué Sarah, la veille, par téléphone.