Dans le Var
Dans les hauteurs du Var, au cœur du parc naturel du Verdon, Château Rima, l’une des trois maisons de la fraternité Eucharistein, paraît niché au milieu de nulle part. À plus de 100 kilomètres de Toulon et à environ 1 000 mètres d’altitude, la vallée qui l’abrite est enveloppée d’un épais silence, tout juste troublé par quelques grillons, chants d’oiseaux et éclats de voix provenant de la ferme en contrebas. La bâtisse, qui ne paie pas de mine de l’extérieur, a été construite au XVIIe siècle. Elle appartenait jadis à une famille noble, avant d’être donnée au diocèse de Fréjus-Toulon dans les années 1950, puis mise à disposition d’Eucharistein en 2002. La chapelle, où les sœurs et frères de la communauté passent des heures à adorer Jésus au Saint-Sacrement, a été aménagée dans l’ancienne bergerie. À l’étage, la pièce qui fait office de grange accueille désormais un four à pain. « En bas, la récolte de blé est en train de pousser », explique sœur Claire, 38 ans.
Celle qui a repris les rênes de Château Rima en septembre 2021 nous accueille avec une autre sœur, Soizic, dans la bibliothèque de la maison, dont la fenêtre offre une vue prenante sur la vallée et le col de Clavel qui la surplombe, tandis que le reste des membres déjeunent dans le réfectoire, juste à côté
La communauté revendique une inspiration franciscaine, à la suite de saint François d’Assise, qui prônait au XIIIe siècle la pauvreté volontaire. « Ça se vit concrètement par un abandon à la providence, c’est-à-dire qu’on vit de dons, y compris de la nourriture, ou de ce qu’on fait, du fruit du travail de nos mains, explicite sœur Claire. On essaie de vivre simplement, d’être simples dans l’accueil. Par exemple, on accueille les gens gratuitement. » Si les accueillis sont aussi bien des membres de « familles riches » que des « gens de la rue », la communauté a ouvert ses portes à beaucoup de toxicomanes, de personnes dépressives ou d’anciens détenus.