Lundi 8 mai, sur le parvis de l’église Notre-Dame-de-Grâces, à Cotignac. Dans les hauteurs de ce village d’artistes à 70 kilomètres de Toulon, où la Vierge Marie serait apparue il y a cinq siècles, quelque 300 chrétiens à la moyenne d’âge plutôt avancée prennent le petit-déjeuner. Sur une table de pique-nique, Jean-Louis et Maria bavardent en attendant la messe qui inaugurera ce seizième « pèlerinage du partage ». Ce couple de retraités assiste depuis quelques années à cette journée qui regroupe les acteurs de la solidarité dans le diocèse de Fréjus-Toulon, sous la houlette de la diaconie du Var qui, c’est sa mission, organise la charité.
Dans leur commune de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, à 40 minutes de route, tous deux sont responsables de l’équipe départementale de l’Action catholique ouvrière, mouvement né en 1950, une des branches de la Mission ouvrière. « La Mission ouvrière, c’est évangéliser en milieu ouvrier et populaire, explique Jean-Louis, vêtu d’une chemise blanche, des lunettes fumées sur le nez. On ne fait pas de prosélytisme dans le milieu où on est, on voit les signes d’espérance, de la présence de Jésus-Christ. » Ce retraité d’une succursale de Renault, engagé durant ses 43 ans de carrière à la CFDT, est allé manifester avec sa femme contre la réforme des retraites. « Jésus se rend présent dans la vie des travailleurs », assure-t-il.
Face à lui, Maria s’est couverte d’un manteau gris pour s’abriter de la fraîcheur à l’ombre des arbres. Issue d’un milieu agricole, elle a « beaucoup vagabondé » : elle a été successivement employée de maison, au chômage ou encore comptable. Ces deux catholiques pratiquants se sentent aujourd’hui en minorité dans ce diocèse qui a le « souci de faire du nombre ». « On est dans l’espérance d’un changement », assume Jean-Louis à propos de la récente enquête apostolique visant le diocèse et son évêque (lire l’épisode 1, « Mgr Rey, l’évêque dans le viseur du Vatican »).
Les deux retraités se reconnaissent plutôt dans une « Église communautaire et pas pyramidale », tout comme dans les enseignements du pape François. Ils suivent ensemble des cours de théologie à Marseille, où Mgr Jean-Marc Aveline, récemment créé cardinal par le Saint-Père, est très attaché au dialogue interreligieux. « Pour vivre la communion en Église, c’est plus difficile ici qu’à Marseille, où c’est plus ouvert. » Maria relève par exemple que l’Action catholique ouvrière n’est pas recensée sur le site internet du diocèse.