C’est avec un cas d’école sinistre de tueurs en série que le pôle de Nanterre va organiser le premier procès d’assises de sa jeune histoire. Avec Monique Olivier et son défunt mari Michel Fourniret, le pôle « cold cases » tient l’essence de son sujet : des pervers meurtriers dissimulés sous une apparence de normalité sociale qu’un système pénal désorganisé, en manque de moyens et parfois de professionnalisme et d’esprit d’initiative ne parvient pas à faire entrer dans son logiciel. Devant près d’une centaine de journalistes accrédités, Monique Olivier, 75 ans, va répondre entre le 28 novembre et le 15 décembre de complicité dans les assassinats de trois jeunes filles, Marie-Angèle Domèce et Joanna Parrish respectivement en 1988 et en 1990 dans l’Yonne, Estelle Mouzin en 2003 dans les Ardennes. Accusé d’avoir été l’auteur principal de ces crimes qu’il a avoués, Michel Fourniret, surnommé par la presse « l’ogre des Ardennes », n’en répondra plus puisqu’il est mort en détention à 79 ans en mai 2021. Il purgeait alors deux peines de réclusion à perpétuité prononcées en 2008 et 2018 pour huit autres assassinats de filles ou de femmes commis entre 1987 et 2001.
Monique Olivier est déjà condamnée deux fois pour complicité dans cinq de ces faits : à perpétuité avec une peine de sûreté incompressible de vingt-huit ans et à vingt ans de réclusion criminelle. Elle finira ses jours en prison. Beaucoup de choses ont déjà été dites, y compris sur Les Jours, sur ce couple diabolique, confondu entre 2003 et 2005 en Belgique après l’arrestation de Michel Fourniret pour un enlèvement manqué et les aveux de son épouse. C’est un cas unique dans les annales criminelles françaises, du fait de ce mode d’action en famille et par leur « palmarès » macabre qui serait donc porté officiellement à onze homicides en cas de condamnation. Le chiffre réel est sans doute beaucoup plus élevé, puisque si aucun fait n’a pu être imputé au couple entre 1990 et 2000, il paraît peu probable qu’ils se soient alors abstenus. Fourniret a d’ailleurs évoqué le chiffre de quarante meurtres, sans autres précisions. Une information judiciaire dite de « parcours criminel » est en cours au pôle de Nanterre pour tenter de préciser le tableau.
Ce dossier éclaire aussi la genèse d’un esprit criminel chez des personnes indemnes de pathologie psychiatrique, selon les experts. On sait que c’est en répondant à une annonce parue en décembre 1986 dans l’hebdomadaire catholique