«Est-ce que tu connais les gens du groupe ? Moi personne… » La veille de la cérémonie, Flo Kitty envoie des messages inquiets à sa coéquipière de l’association des rescapés du 13 Novembre, Catherine B. Elle appréhende la rencontre avec les autres bénévoles, son premier rendez-vous en chair et en os. Faut-il arriver en avance place de la République où un hommage va être rendu ? (lire l’épisode 1, « “Hello, je suis une impliquée” ») Ne risque-t-elle pas de déranger les victimes ? Comment va-t-on la reconnaître ? « Je suis blond platine rose, précise-t-elle. J’aurai sûrement une queue de cheval haute et un poncho noir avec un bord léopard. »
Le dimanche 10 janvier, Catherine accepte de la retrouver seule à seule avant la cérémonie. Aux alentours de 9 h 30, une femme aux cheveux coiffés en coque sort de la bouche du métro Strasbourg-Saint-Denis et s’avance vers le café de la porte Saint-Martin où l’attend sa coéquipière. Catherine la repère rapidement et la présente aux bénévoles de Life for Paris : « Voilà Florence, elle nous aide sur le forum. » Flo salue discrètement les rescapés. Elle hésite à se joindre à eux. La petite assemblée
Le groupe rejoint la place de la République. Un imposant dispositif de sécurité filtre l’accès à la cérémonie. Flo Kitty et les autres membres de Life for Paris présentent leur invitation. On fouille leur sac avant de les laisser accéder à l’espace réservé aux survivants. Quelques minutes plus tard, François Hollande dévoile une plaque au pied de l’arbre du souvenir : « À la mémoire des victimes des attentats terroristes de janvier et novembre 2015, à Paris, Montrouge et Saint-Denis. Ici même, le peuple de France leur rend hommage. » Flo Kitty se tient en retrait. Elle semble mal à l’aise, comme si elle craignait de troubler la cérémonie.
Deux élèves du conservatoire d’art dramatique lisent un texte de Victor Hugo : « Paris est la ville sacrée. Qui attaque Paris attaque le genre humain. » La place est rendue au public. Sous un ciel laiteux, les Parisiens déposent des bougies, des fleurs, des pancartes au pied de la statue de Marianne. Un crachin hivernal commence à tomber sur l’esplanade. Les bénévoles de Life for Paris se replient vers l’Indiana Café.
Assise au chaud sur les banquettes havane de l’établissement, Flo se détend. Dehors, il pleut désormais à verse.