Oullins, envoyé spécial
Comme si le second tour de l’élection présidentielle n’existait pas, Laurent Wauquiez a décidé « d’enjamber » – selon l’expression consacrée depuis quelques jours – le scrutin du 7 mai. Ce qui l’amène donc directement dans la campagne des législatives. Jeudi, quatre jours après les résultats du premier tour, le président Les Républicains de la région Auvergne-Rhône-Alpes était à Oullins, une banlieue résidentielle de Lyon, pour inaugurer la permanence de campagne d’un candidat LR à la députation dans la 12e circonscription du Rhône. 300 militants sont là. Encore sonnés par la défaite de leur candidat.
« Il est beaucoup trop petit ce local. » C’est donc dehors, sous la pluie et dans son imperméable rouge, que Laurent Wauquiez, à travers un discours, a tenté de remobiliser les militants, après une campagne traumatisante. « Mes amis, je ne veux pas que vous vous découragiez. Il n’y a rien de pire qu’une défaite à la présidentielle. Mais ne vous y trompez pas, on n’a pas perdu sur nos idées, on a été défaits par le système médiatique parisien qui nous a assommé avec les affaires. Je pense qu’on peut remonter la pente. »
Pour cela, Laurent Wauquiez a en ligne de mire les élections législatives, qu’il voit comme « le troisième tour ». Selon lui, Les Républicains ont les moyens d’obtenir un groupe parlementaire fort pour devenir le premier parti d’opposition à l’Assemblée nationale. Celui qu’on dit en course pour prendre la tête du parti a annoncé qu’il ne voterait pas Le Pen mais a surtout décidé d’entrer dans une confrontation directe avec Emmanuel Macron avant même les résultats. Dans un lapsus, Jérôme Moroge, le candidat LR qu’est venu soutenir Wauquiez, évoque ainsi ce « président » qu’il faut combattre. Car dans la 12e circonscription du Rhône, jusqu’ici toujours à droite, Emmanuel Macron est une menace directe. Le candidat d’En marche est arrivé un point devant François Fillon lors du premier tour.
« Il va falloir aller chercher les voix avec les dents », harangue le député sortant Michel Terrot qui, après 29 ans à l’Assemblée nationale, a finalement décidé de passer la main. « Pour le gaulliste que je suis, perdre un 18 juin, c’est inenvisageable. » À 45 jours du premier tour des législatives, le ton est donc à la différenciation avec Emmanuel Macron, comme pour réinstaurer le vieux clivage gauche-droite qui semble s’être effondré lors de cette campagne présidentielle, mais auquel croient toujours les militants.