Entre 2009 et 2015, Hocine Hamoudi a battu trois de ses compagnes. Au total, ces femmes ont déposé six plaintes contre lui. La dernière d’entre elles l’a fait mi-avril 2015. C’était Sandra Helleputte. Quinze jours plus tard, le 1er mai, cette mère de quatre enfants est tuée à son domicile d’Hazebrouck, dans le Nord, frappée à mort par Hocine Hamoudi. En 2016, alors qu’il est incarcéré dans le cadre de l’enquête criminelle, il est libéré pour vice de procédure, deux pièces du dossier d’instruction ayant été mal numérisées. En 2018, il force une autre compagne à se prostituer avant de lui fracturer le visage. Il est condamné à trois ans de prison. Là-bas, il écope de huit mois de plus pour avoir ébouillanté son codétenu. En avril 2020, il est à nouveau relâché, cette fois-ci à la faveur de l’état d’urgence sanitaire. En 2021, une dernière compagne, la cinquième, porte plainte contre lui. Il l’aurait frappée et violée. « Aurait », parce qu’il n’a pas encore été jugé pour ces faits-là.
Cette semaine, c’est pour le meurtre de Sandra Helleputte, 41 ans, que cet homme né en 1987 a comparu devant les assises du Nord, à Douai. À l’issue de quatre jours d’audience, Hocine Hamoudi a été condamné à trente ans de réclusion criminelle, avec suivi socio-judiciaire et obligation de soins, pour le meurtre et le viol de sa compagne. Il a fait appel immédiatement après l’énoncé du verdict, une lourde peine justifiée par la gravité des faits et la dangerosité de l’accusé, selon la cour d’assises. Huit ans après ce féminicide qui remonte à un temps où on ne les comptabilisait pas (lire l’épisode 1, « Une femme tous les trois jours »), « justice a été rendue », salue Blandine Lejeune, avocate de la famille. Huit ans après, il était temps. D’autant que ce procès a mis en lumière la faillite d’un système judiciaire incapable de protéger les femmes victimes de violences conjugales. À tel point qu’en préambule d’un réquisitoire où il demandait la perpétuité contre ce « prédateur conjugal » l’avocat général s’est excusé au nom de la société auprès de la famille Helleputte. Il y avait de quoi. Car dans cette affaire aux allures de tragédie annoncée, tout, véritablement tout, a dysfonctionné.
Dès le premier jour du procès, le 14 mars, l’horreur s’invite, lorsque les photos de la scène de crime sont projetées. À cet instant, les membres de la famille sont invités à sortir pour y échapper. À la fin du procès, certains n’assisteront pas non plus aux plaidoiries qui y feront référence.