Et vous, contre qui avez-vous voté au second tour ? Contre Emmanuel Macron, le président des riches parce que cinq ans d’injustices et d’arrogance, ça suffit comme ça ? Contre Marine Le Pen, parce qu’à jouer avec la flamme, on se brûle et on meurt dans un feu d’extrême droite ? Contre l’un et l’autre en votant blanc – ou en ne votant pas, c’est pareil aujourd’hui – parce qu’ils ne seraient que les deux faces d’une même pièce tombant toujours sur la droite ? Résultat : ceux qui ont voté contre Marine Le Pen ont gagné, Emmanuel Macron récoltant 58,54 %, contre 41,46 % à la cheffe de l’extrême droite. L’abstention, elle, s’élève à 28,01 % du corps électoral. Plus élevée qu’il y a cinq ans, où la victoire d’Emmanuel Macron sur Marine Le Pen avait été aussi plus nette (66,1 % contre 33,9 %).
Le reflet d’une présidentielle – éreintant remake de 2017, la nouveauté en moins – qui aura laissé beaucoup de Français sur le bord de la route des urnes. Et une présidentielle qui laisse derrière elle un paysage politique façon puzzle avec les défaites historiques des Républicains et du Parti socialiste, victimes avec les Verts et le reste de l’orchestre, Zemmour y compris, du vote utile – ou « efficace », hein – vers Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Les éditorialistes de tous poils auront eu beau nous seriner au soir du 10 avril que « la campagne commence maintenant », l’entre-deux-tours aura été aussi pénible que toute la campagne avec un Macron changeant d’avis comme de chemise – et, croyez-nous, il en change souvent – sur les retraites, le salaire des profs… histoire de draguer l’électorat de gauche qu’il avait soigneusement laissé de côté jusqu’ici. Et une Le Pen camouflant son fascisme rose bonbon en tentant de se poser en femme d’État, se prenant consciencieusement les pieds dans le voile – qu’elle veut interdire –, la politique internationale ou son choix de rejeter les journalistes d’accès à son QG (dont Les Jours). Le clou de ce pénible spectacle aura été un débat enrobé d’amabilités marquant la suffisance de Macron et la nullité de Le Pen (lire l’épisode 7, « Macron-Le Pen : un air de débat vu »). Pour vivre ou revivre cette soirée au suspense moins pétaradant que les motos qui ont suivi les candidats, voici le replay du récit échevelé qu’en a fait toute la rédaction des Jours.