Musicien prolifique sous le pseudonyme Rubin Steiner depuis la fin des années 1990, Frédérick Landier est aussi DJ, conférencier, bassiste du groupe Drame… Une longue et foisonnante carrière d’intermittent du spectacle qui est suspendue depuis le mois de mars dans une inquiétante incertitude. Concerts annulés, tournée d’automne entre parenthèse, et surtout peu de réponses à ce jour sur les aides qui seront proposées aux artistes qui, comme lui, risquent de tout perdre si la musique live ne repart pas de sitôt.
«Ma situation est compliquée parce que ma copine est aussi intermittente, alors on se retrouve tous les deux avec un avenir incertain. On ne sait pas ce qu’il va se passer. Si [le gouvernement] ne fait rien de plus avant la fin de l’année, il y a plein de gens qui vont être vraiment dans la merde, c’est rien de le dire.
J’ai sorti un disque en fin d’année dernière, mais financièrement, ça ne rapporte rien. Je dois avoir entre 200 et 400 euros de Sacem et 50 euros de streaming tous les trois mois. Les revenus sur l’année, ce sont les cachets. Des concerts, mais une tournée ça ne suffit pas non plus. Ce qui a sauvé mon intermittence l’année dernière, c’est de faire la musique de deux pièces de théâtre, ça fait des cachets de répétition. Je ne me plains pas, ça fait vingt ans que j’arrive à ne pas travailler à côté. Bon, je me contente de peu… Et puis, moi j’ai un nom un peu connu et c’est quand même la panique pour renouveler mon intermittence chaque année, alors pour les jeunes qui débutent, là, ça doit être terrible…
La date anniversaire de mon intermittence, c’est fin octobre. Il faut 43 cachets pour la renouveler. Avec mon album, l’idée était d’arriver à faire un max de dates pour y arriver. Mais il se trouve que traditionnellement, il y a plus de dates aux mois d’avril, mai et juin, c’est le début des beaux jours, alors j’ai eu seize ou dix-sept dates annulées. Au final, aujourd’hui, il me manque 27 cachets avant ma date anniversaire, avec zéro perspective d’en faire de nouveaux. Pour septembre et octobre, les salles ne programment rien en ce moment parce qu’elles ne savent pas encore si elles vont rouvrir ou pas. Là, j’ai une seule date de calée, à Namur le 20 novembre.
Il y a très peu d’alternatives aux salles, à part faire des pseudo-concerts chez des potes qui font des “Guso”, un dispositif de Pôle emploi qui permet à des particuliers de payer des cachets à des artistes.