Fin 1984, les démocrates des États du Sud en avaient gros sur le cœur : le candidat du parti, Walter Mondale, ancien vice-président de Jimmy Carter et issu de la gauche démocrate progressiste du Minnesota, s’était fait massacrer à l’élection présidentielle par Ronald Reagan, ne remportant que son État natal et le district de Columbia. Et pour les démocrates conservateurs du Sud, pas encore tout à fait débarrassés de leur passé ségrégationniste, ce cuisant échec était dû au programme de fortes dépenses publiques et de protection des droits syndicaux porté par Mondale. C’est pourquoi de nombreux partis démocrates du Sud ont décidé pour 1988 de regrouper leurs primaires le premier mardi de mars afin de pouvoir peser précocement sur la nomination et d’obtenir
Mais en 2024, grande nouveauté historique : le Super Tuesday n’aura servi dans les deux partis qu’à ratifier un choix évident avant même le début des votes du mardi 5 mars. Du côté démocrate, Joe Biden n’a eu qu’une opposition de pacotille avec le représentant du Minnesota Dean Phillips, héritier d’une fortune faite dans le commerce de la crème glacée, et Marianne Williamson, conseillère spirituelle new age qui a pris goût depuis 2020 à l’exposition médiatique assurée par une candidature présidentielle, même farfelue.
Donald Trump a, quant à lui, éliminé la quasi-totalité de ses concurrents en un seul scrutin, celui de l’Iowa mi-janvier, et a depuis lors écrasé Nikki Haley dans presque toutes les primaires. Lors du Super Tuesday, Haley n’a pu remporter qu’un seul État, le petit Vermont gouverné par son soutien Phil Scott, un républicain défenseur du droit à l’IVG et du contrôle des armes à feu qui a voté Biden en 2020. Et Nikki Haley a aussi symboliquement dominé dans le district de Columbia, autour de la capitale de Washington, où les républicains n’existent plus que de façon résiduelle. La campagne de Donald Trump a pu ainsi moquer Nikki Haley comme la candidate du « marais » (