Dans l’univers cauchemardesque du pôle judiciaire de Nanterre, il y a évidemment tous ces dossiers de crimes impunis, qui tombent par centaines des placards des tribunaux de toute la France, où la négligence, l’incurie ou l’écume des jours pénale les ont déversés. Il y aussi une terrifiante galerie de croquemitaines, tueurs déjà emprisonnés et qu’on soupçonne
Le texte de loi fondateur a imaginé à cet effet une nouvelle arme procédurale, le « parcours criminel ». Alors qu’il n’était légalement possible jusqu’ici que d’instruire à partir de faits, ce qui entravait sérieusement l’appréhension de meurtres en série, les trois juges d’instruction peuvent désormais enquêter à partir du profil d’un condamné et de son parcours de vie, puis essayer dans le sens inverse de découvrir la partie encore cachée de son « œuvre » criminelle. En mars 2023, huit instructions et une enquête préliminaire de ce genre nouveau étaient ouvertes à Nanterre. L’une d’entre elles porte sur Willy van Coppernolle.
Ce Belge né à Gand le 9 août 1943 purge une peine de réclusion à perpétuité assortie d’une période de sûreté incompressible de vingt-deux ans, déjà dépassée puisqu’il franchira en avril 2023 le cap des trente années en détention. Il peut donc demander une libération conditionnelle, ce qu’il a déjà fait sans succès et peut refaire. Il a été reconnu coupable de l’enlèvement et du meurtre d’un enfant de 11 ans, Abdel, le 27 mars 1994 à Remoulins, dans le Gard, ainsi que de l’enlèvement et des viols de deux adolescents une semaine plus tard à Gruissan, dans l’Aude.
Cadet d’une famille de seize enfants, dont quatre sont entrés dans les ordres, Willy van Coppernolle a vu à l’âge de 6 ans son père être condamné à dix ans de prison pour avoir violé une de ses sœurs. Il assure avoir été lui-même abusé, enfant, par un religieux puis par un magistrat, mais l’enquête de personnalité ne l’a pas confirmé. Il a été successivement ouvrier agricole, boucher, boulanger, cuisinier, chauffeur de poids lourds et de bus pour touristes. Il s’est aussi engagé deux fois dans la Légion étrangère, ce qui a noué son lien avec la France.