Le blocage de la fac de Nanterre ne s’est pas arrêté avec les vacances. Dix jours plus tard, on retrouve les mêmes barrières devant l’entrée des bâtiments. Et le même Victor Mendez, porte-parole des étudiants, avec son même mégaphone (lire l’épisode 28, « Le permanent de la révolution »). Mercredi 2 mai, les étudiants étaient 1 800 à l’assemblée générale (AG) et ils ont voté la reconduction du blocage (1 444 pour, 351 contre, 13 abstentions) jusqu’à la prochaine AG de lundi. Un conseil d’administration exceptionnel s’est tenu le même jour : les examens sont annulés jusqu’à lundi également.
Il est hors de question que je passe mes partiels avec des flics devant les bâtiments pour empêcher les bloqueurs de rentrer, ou dans une université à Pétaouchnok.
Sarah Sereni, étudiante en première année de Staps, trouve que l’université ne transmet pas assez d’informations sur la tenue (ou non) des examens. Aidée de groupes WhatsApp et Facebook, elle tente de vérifier chaque rumeur qui court sur les épreuvres : « Il est hors de question que je passe mes partiels avec des flics devant les bâtiments pour empêcher les bloqueurs de rentrer, ou dans une université à Pétaouchnok. » Dans la nuit de jeudi à vendredi, la présidence de l’université a publié un communiqué : si les bâtiments restent bloqués, ce sera devoir à la maison ou examens délocalisés à l’extérieur de Nanterre. Ces deux options ne font pas l’unanimité chez les enseignants mobilisés.
Dès le mois de septembre, chez les profs et le personnel administratif aussi, les mails se sont enchaînés pour essayer de se mobiliser contre la loi « ORE ». Mais à l’instar des étudiants, c’est depuis l’intervention musclée des CRS sur le campus pour déloger des bloqueurs (et qui s’est soldée par l’interpellation de sept étudiants, dont Victor), le 19 avril dernier, que les réunions se sont accélérées (lire l’épisode 25, « À Nanterre, un assaut et la sauce prend »). Eux aussi ont été choqués de cette décision du président de l’université, Jean-François Balaudé qui, lors d’une précédente AG, a exprimé ses « regrets ». Ce jeudi, ils sont environ 80 dans un amphi de la fac. Les discussions avec la présidence sont compliquées : comme certains étudiants en AG, plusieurs enseignants expliquent qu’ils ne se sentent pas écoutés. Ils veulent plus de moyens financiers et matériels, et refusent de « sélectionner les étudiants ». « Balaudé qui refuserait Parcoursup, ce serait un beau geste politique », rêve l’un des profs à haute voix. Mais il se passe dans l’AG du personnel la même chose que dans celle des étudiants : la question des examens et du blocage prend toute la place.