Du Mali, il envoyait souvent à sa famille des photos de la plus grande merveille du continent africain : le ciel nocturne, constellé d’étoiles. Le brigadier-chef Loïc Risser, jeune homme brun de 24 ans au visage juvénile et à l’éternel sourire éclatant, avait grandi entre deux villages du Haut-Rhin, Zaessingue et Manspach. Il avait le goût de l’uniforme et avait intégré très tôt les sapeurs-pompiers. Au Mali, il ne se voyait pas comme un guerrier, a assuré sa mère aux Dernières Nouvelles d’Alsace : « Loïc devait protéger les populations, apporter une aide humanitaire, aider les agences locales sanitaires. Il était très impliqué là-dedans, depuis tout petit. » Engagé dans le 2e régiment de hussards de Haguenau, dans le Bas-Rhin, il devait rentrer en France le 10 février. Il est mort le 2 janvier aux alentours de Ménaka, dans l’est du Mali, lorsque le blindé léger dans lequel il se trouvait pour une mission de renseignement a été balayé par un engin explosif artisanal. Le sergent-chef Yvonne Huynh est morte à ses côtés. Cette femme de 33 ans, d’origine vietnamienne, menue et sportive, avait grandi à Trappes, dans les Yvelines. Elle avait embrassé la carrière militaire dès les lendemains du lycée et avait rencontré son compagnon à l’armée. L’adjudant Matthieu, croisé lors d’un premier passage au Mali en 2019, se trouvait également dans le pays ce jour-là. « On était heureux. Je lui avais promis qu’on rentrerait ensemble », a-t-il raconté à l’AFP. Il est revenu en France aux côtés du corps de sa compagne. Loïc Risser et Yvonne Huynh sont les 49e et 50e soldats français tués dans l’opération Barkhane, la guerre que la France mène contre les jihadistes depuis 2013 au Sahel.
Pas très loin à l’est de Ménaka, après la frontière, au Niger, un peu plus tard lors de cette même journée du 2 janvier fatale aux deux soldats français, les villageois de Tchoma Bangou et Zaroumadareye, à 120 kilomètres de la capitale Niamey, ont vu arriver des dizaines d’hommes à moto, armés de kalachnikovs. Ils ont mis pied à terre et ont ouvert tranquillement le feu au hasard des passants, tuant au total une centaine de personnes, en blessant des dizaines d’autres. Ils ont ensuite incendié toutes les habitations de fortune, ne laissant derrière eux que des cendres. Il n’y a pas eu de cérémonie nationale ou de discours publics. Les morts sont restés sans visage. Les auteurs de la tuerie seraient les jihadistes de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS)