Amina n’est pas morte. Il s’en est fallu de peu. Le 6 mars dernier au soir, à Nantes, cette femme de 36 ans contacte trois fois le 17 pour signaler son conjoint violent qui vit avec elle, comme en témoigne son journal d’appel. « Ils m’ont dit : “On arrive, vous inquiétez pas, mettez-vous à l’abri”, rapporte-t-elle aux Jours. Mais personne ne venait. » Amina demande alors à son neveu de passer chercher ses quatre enfants à son domicile tandis qu’elle file attendre en bas de son immeuble la venue de la police. C’est à cet instant que son conjoint descend, furieux et armé d’un couteau, puis la prend en chasse dans une rue du quartier. Elle parvient à se cacher et à rejoindre l’appartement de son neveu. La police la contacte enfin : la patrouille est en bas de chez elle. Amina part à leur rencontre. « Ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas monter, que ce n’était pas un flagrant délit, mais que c’était bon parce que j’étais à l’abri », nous relate-t-elle, estomaquée. Quand elle demande à porter plainte, les policiers lui enjoignent plutôt de venir au poste le lendemain. Elle leur précise qu’en 2015, son conjoint a déjà été condamné à trois mois de prison pour l’avoir traînée par les cheveux puis étranglée alors qu’elle était enceinte. Rien n’y fait. Amina n’a qu’à passer la nuit chez son neveu.
Le 7 mars, la trentenaire part au commissariat. Là-bas, on la dirige vers le bureau d’aide aux victimes (BAV) qui lui fixe un rendez-vous la semaine suivante, le 15 mars. « “Si vous avez un problème d’ici là, vous appelez le 17” », lui aurait dit le planton de l’accueil. « J’ai eu l’impression qu’ils attendaient que ça soit trop tard, soupire Amina. Qu’il me tue pour bouger. » Une fois au BAV, elle raconte une deuxième fois ces faits qui remontent déjà à neuf jours. Après un long échange, la policière, « très gentille » souligne Amina, lui propose de porter plainte mais précise que cela prendra quelques heures de plus. Problème : il est déjà midi et Amina doit partir travailler. On lui conseille de revenir le lendemain. Mais cette mère de famille débordée qui gère ses quatre enfants, ses demandes de relogement et son emploi d’agente d’entretien ne retournera au commissariat que le 20 mars. Sans que personne ne se demande pourquoi elle ne s’est pas présentée avant. « J’ai vraiment eu du mal à porter plainte, j’ai même pensé à mettre fin à mes jours, avoue-t-elle auprès des Jours. S’il m’arrive quelque chose aujourd’hui, ça sera parce qu’ils ne sont pas intervenus à temps.