La voiture-balai a trouvé un peu de poussière à gratter sous les plinthes du Tour de France. Pas un coureur : un vélo. Le ménage a été fait jeudi, sur la 18e étape entre Moûtiers, en Savoie, et Bourg-en-Bresse, dans l’Ain, quand Simon Geschke a abandonné, et son vélo avec lui. Le coureur allemand souffrait de dysenterie. La veille, il avait déjà frôlé l’élimination, pour 82 secondes, sur le col de la Loze, en Savoie. La pente érigée à 22 % faisait caler les voitures et les motos. Geschke, le seul et unique végan déclaré dans le peloton
Au départ de la dernière étape, dimanche, l’équipe de Michael Mørkøv avait garé son bus devant un mur « Manif. Retraite. Révolution ». La gare de Saint-Quentin-en-Yvelines est grise sous un ciel gris. Mørkøv, le crâne lisse d’un vieux coureur, 38 ans, a presque le double de l’âge des ses adversaires les plus précoces. « C’est dur de finir un Tour », lâche-t-il. Il a traversé la France avec la voiture-balai sur ses talons. Au classement final, le Danois est dernier, Lanterne rouge, 150e du classement à 6 heures, 7 minutes et 11 secondes du maillot jaune, son compatriote Jonas Vingegaard. Il est raide, lent, concentré à en paraître hagard, parce qu’il songe au dernier sprint qu’il va essayer sur les Champs-Élysées, et dans lequel il va se placer 15e derrière le vainqueur, Jordi Meeus. Les mots de Mørkøv sont plats, mais pas vides. Ses yeux montrent qu’il pense ce qu’il dit : « L’essentiel, c’est de finir le Tour. Il faut un premier et un dernier. Je crois qu’on mérite le même respect. La position de Lanterne rouge ne m’inspire pas de joie particulière. Je suis surtout content de terminer le Tour. Mes deux enfants n’étaient pas sûrs que j’y arriverais… »
Il était déjà solide, endurci dans la montagne, un terrain qu’il déteste. Mais cet abandon lui a donné une revanche à prendre.
Mørkøv a été contraint à l’abandon l’an dernier sur la route fondue au soleil, et il s’est fait le serment de ne pas céder dans la montagne.