Le 17 juin 2022, les États-Unis ont célébré le cinquantième anniversaire de l’événement politique peut-être le plus connu de leur histoire contemporaine : l’effraction du Watergate. Les bureaux du Comité national du parti démocrate (DNC) avaient alors été visités par une équipe de cinq barbouzes payés par le comité de réélection du président Richard Nixon pour poser des micros. Surpris dans leur sinistre activité, les plombiers du Watergate furent le point de départ de la plus connue des affaires politico-judiciaires au monde, entraînant, après deux ans d’enquêtes, la démission de Nixon le 8 août 1974. Seul chef d’Etat américain à avoir connu ce sort humiliant, Nixon y fut contraint par l’action conjointe de la presse, de la justice fédérale et d’une enquête parlementaire au Sénat. Cette tenaille vertueuse l’amena à devoir fournir lui-même à la justice les preuves irréfutables l’incriminant dans une tentative d’obstruction à l’enquête du FBI sur l’effraction du Watergate.
La commission d’enquête sénatoriale sur le Watergate, formée en janvier 1973, avait appris lors de l’audition publique d’un obscur assistant de la Maison-Blanche, Alexander Butterfield, l’existence d’un système ultra-perfectionné d’enregistrement des conversations mis en place par le Secret Service en 1971. Or, dans un enregistrement du 23 juin 1972, Richard Nixon demande en effet à son secrétaire général de la Maison-Blanche, H.R. Haldeman, de faire intervenir les patrons de la CIA pour bloquer l’enquête du FBI au nom de la sécurité nationale. C’est le fameux « smoking gun » (la preuve compromettante irréfutable, comme celle d’un pistolet retrouvé encore fumant) que Nixon doit remettre au procureur fédéral Leon Jaworski le 5 août 1974 après que la Cour suprême a refusé, dans son fameux arrêt « USA v. Nixon », de lui reconnaître un privilège de l’exécutif.
La démission de Nixon en 1974 semble donc consacrer la toute-puissance des contre-pouvoirs démocratiques face à une présidence prompte à s’égarer. Mais, au moment même où est célébré le cinquantenaire de cette mystique démocratique du Watergate, sa validité est mise à l’épreuve par le travail de la commission d’enquête parlementaire spéciale sur l’insurrection du Capitole. Depuis le 9 juin en effet, cette commission