«Allez, on y va, parce que j’ai envie de vous entendre. » Ce matin de fin janvier, dans le IXe arrondissement de Paris, Mounir Mahjoubi prend place derrière une large table et invite une quinzaine d’entrepreneurs à faire de même autour de lui. Depuis fin octobre, le secrétaire d’État en charge du Numérique recueille les doléances des citoyens de la « start-up nation » au cours d’un « Tour des start-up », fidèle à la promesse de Macron de chouchouter les jeunes pousses. Qu’est-ce qui les empêche de grandir ? Pourquoi cette fâcheuse habitude de s’exiler aux États-Unis ou ailleurs passé un certain âge ? Quels sont les « irritants qu’elles perçoivent encore dans leurs activités », selon l’étrange formulation du communiqué de l’événement ? Après Lille, Dijon ou Angers, Mounir Mahjoubi anime l’avant-dernière rencontre chez Bpifrance, la banque publique d’investissement, qui a été chargée de recruter les participants. La douce lumière du matin réveille l’assistance attablée devant des macarons et une vue féerique sur les toits de Paris. Entre groupe de parole et bureau des pleurs, la séance commence.
« Je me tais et je prends des notes », annonce Mounir Mahjoubi, studieux dans un costume marine relevé d’une cravate à fines rayures orange, en débouchant un feutre. Entré au gouvernement à 33 ans, cet ancien socialiste, diplômé de Sciences-Po Paris, a présidé le Conseil national du numérique avant de rejoindre la campagne d’Emmanuel Macron. Il a aussi monté plusieurs boîtes, dont la plateforme La Ruche qui dit oui !, et sait se fondre dans « l’écosystème » start-up. En guise de mise en jambes, les start-uppeurs tentent de le cuisiner sur la soirée versaillaise, la veille, avec les 140 grands patrons à qui Macron a déroulé le tapis rouge. Tout juste le secrétaire d’État, 33 ans, relève-t-il que les convives étaient « surtout des hommes, et des hommes de plus de 50 ans ». « Le reflet du management d’une autre époque… », glisse-t-il, sourire en coin, avant de recentrer le débat.
« On s’est engagés à tout faire pour simplifier votre vie, promet-il. On a fait beaucoup sur la simplification fiscale, réglementaire, le droit du travail. Maintenant, il faut avancer secteur par secteur. » Ce jour-là, les invités appartiennent à la « fintech », le monde des start-up des banques et des assurances. Il y a là le patron de l’application de paiement Lydia, celui de l’assureur en ligne Alan ou encore des plateformes de financement participatif Ulule et Anaxago.