(Avertissement : certains passages de cet épisode peuvent être choquants.)
1986. Alors que les braqueurs de banques du gang des postiches sont en cavale, le détenu n°130 655 de Fleury-Mérogis Michel Fourniret, en prison pour viol et agressions sexuelles (lire les épisodes 3 et 4), entreprend de monter une chaîne d’amitié pour mettre en relation par courrier des personnes seules ou souffrantes. À commencer par lui-même. Il passe une petite annonce dans le magazine catholique Le Pèlerin du 12 décembre 1986 : « Prisonnier aimerait correspondre avec personne de tout âge pour oublier solitude. » Durant plusieurs mois, l’annonce reste sans réponse. Et puis au printemps 1987, une femme qui lit la presse chrétienne entre en contact avec lui. Elle s’appelle Monique Olivier. Elle a 38 ans. Elle habite dans le Gard. Et s’occupe d’une handicapée. Ces deux êtres isolés vont s’échanger de multiples missives, des « messagères » selon leur expression : Michel Fourniret va en envoyer 133 à Monique Olivier, alias « Natouchka », et celle-ci va en écrire 84 à son « taulard préféré ». Les Jours ont eu accès et ont décortiqué quinze de ces missives (dont une seule signée de Monique Olivier), soigneusement rangées dans le bureau de Michel Fourniret. Rédigés entre le 27 juillet et le 7 octobre 1987, ces courriers, découverts en 2004, trahissent la manipulation par un redoutable pervers d’une femme larguée et racontent la genèse d’une alliance criminelle sur fond de déclarations d’amour.
Dès le début de leurs échanges, le détenu invite sa correspondante à venir le voir au palais de justice d’Évry, où il est jugé en cour d’assises en juin 1987. Apparemment, les sept agressions sexuelles et le viol imputé à Michel Fourniret (lire l’épisode 1, « Fourniret, naissance d’un prédateur ») n’effraient pas cette femme nonchalante et paumée. Elle parvient même à l’approcher dans le box des accusés pendant une suspension d’audience lors du procès. À l’époque, Monique Olivier a dû quitter son premier mari violent. Elle l’avait connu à 22 ans, en 1970. André était patron d’auto-école à Nantes. Elle était devenue sa secrétaire, puis sa maîtresse et enfin son épouse. Mais après la naissance de leurs deux fils, André l’aurait frappée et maltraitée. Monique a fini par s’inscrire dans une association de femmes battues, puis par se réfugier chez une amie à Nîmes, où elle est devenue auxiliaire de vie. Elle a laissé ses deux enfants à André.