Devant le palais de justice de Paris ce vendredi, des dignitaires équato-guinéens remontent dans leur voiture diplomatique à plaque verte. Le tribunal correctionnel de Paris vient de condamner Teodoro Nguema Obiang Mangue (surnommé Teodorin), fils du président de Guinée équatoriale, à trois ans de prison avec sursis, 30 millions d’euros d’amende avec sursis et la confiscation des biens saisis par la justice. Lors de l’audience, qui s’est tenue du 19 juin au 6 juillet dernier sans que le prévenu de 48 ans ne daigne venir en France y assister, le Parquet national financier avait requis les mêmes peines, mais fermes. Par cette condamnation, qu’elle considère comme un « avertissement » envers tous ceux qui pourraient se rendre coupables de blanchiment, la 32e chambre apporte une conclusion sans doute provisoire à la première affaire de « biens mal acquis » jugée en France. Le tribunal a également pointé la « complaisance » de la Société générale, de la Banque de France et de l’État français avec Teodorin Obiang, même s’ils ne sont pas formellement mis en cause par la justice. L’avocat de la défense, Emmanuel Marsigny, a regretté une « décision militante », tandis que son principal adversaire, l’avocat de Transparency International William Bourdon, le traitait de « petit propagandiste d’un dictateur qui appauvrit son pays ». L’association s’est félicitée de « l’étape franchie », rappelant « l’incroyable obstination qu’il nous a fallu depuis dix ans », pendant lesquels l’enquête sur l’opulent patrimoine de Teodorin Obiang en France s’est heurtée à des enjeux diplomatiques, à des questions d’immunité et au sentiment d’impunité.
Le 28 mars 2007, Jacques Chirac est encore président de la République pour quelques semaines, Nicolas Sarkozy s’apprête à le remplacer. Une plainte arrive au parquet de Paris. Trois associations – Sherpa, Survie et la Fédération des Congolais de la diaspora – mettent en cause plusieurs chefs d’État africains, dont certains sont, comme on dit, des « amis de la France » : Omar Bongo (Gabon), Denis Sassou N’Guesso (Congo-Brazzaville), Blaise Compaoré (Burkina-Faso), Eduardo Dos Santos (Angola) et Teodoro Obiang (Guinée équatoriale). Eux ou des membres de leurs familles possèdent de luxueux biens immobiliers en France, de préférence dans les beaux quartiers parisiens et sur la Côte d’Azur. Le raisonnement des plaignants est simple : leurs rémunérations officielles ne sont tout simplement pas suffisantes pour financer de tels achats.