Lorsqu’elle monte à la tribune de l’Assemblée nationale le 24 septembre dernier, premier jour des débats sur le projet de loi bioéthique dans l’hémicycle, Laurence Vanceunebrock-Mialon s’excuse déjà. Devant une petite poignée de députés, après avoir salué une « loi de sécurisation », la députée LREM que suivent Les Jours dans les débats sur la PMA enjoint la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, présente devant elle, à aller plus loin, en matière d’égalité, que ne le fait le texte présenté en première lecture. Mais déjà, elle ne semble plus trop y croire. Alors elle prononce cette phrase à l’attention de celles, nombreuses, qui lui ont fait confiance pour les défendre au mieux : « Je tiens à m’excuser dès à présent auprès des familles homoparentales si la représentation nationale ne parvenait pas, à la fin de l’examen du texte, à prendre en compte tous ses enfants. »
Laurence Vanceunebrock-Mialon est une femme politique à la fois pleine d’espoir et lucide : le contenu du texte relatif à l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, à la filiation et à l’accès aux origines n’aura pas évolué durant la dizaine de jours de débats dans l’hémicycle jusqu’à son vote, ce mardi, par 359 voix pour et 114 contre. Aucune des lacunes identifiées par les députés les plus progressistes et les associations (lire l’épisode 2, « PMA pour toutes, une loi dans l’œuf ») n’auront été comblées. Le gouvernement aura tenu sa ligne, celle d’une loi a minima, répondant tant bien que mal aux promesses du candidat Macron et, en même temps, suffisamment peu réformatrice pour ne pas affoler l’opposition de droite. Tous les amendements défendus par la députée auront finalement été rejetés. Elle voulait autoriser l’une des femmes d’un couple lesbien à donner ses ovocytes à sa partenaire, pour que celle-ci accouche d’un enfant génétiquement lié à sa compagne : c’est non. Elle souhaitait permettre aux afro-descendants de venir avec un donneur de gamètes pour un accès plus aisé à la PMA : c’est toujours non. Elle envisageait de donner la possibilité aux enfants nés d’un même donneur de se rencontrer, dans un cadre établi et sécurisant : c’est encore non.
« Le groupe LREM a promis à ses membres une liberté de vote sur ce texte. Ça me fait rire jaune aujourd’hui », confie après-coup la députée de Montluçon aux Jours.