Des hommes qui appartiennent à un même parti et qui se déchirent, c’est un classique de la vie politique française, toujours adoré par les médias. On ne va pas vous rappeler les Mitterrand contre Rocard, Sarkozy contre Villepin ou Copé contre Fillon… Et, il faut l’avouer, en tant que spectateurs, c’est toujours amusant de voir les ambitions et les inimitiés personnelles prendre le pas sur la discipline de parti. Pour cette campagne électorale parisienne, on a donc la bataille Benjamin Griveaux contre Cédric Villani. Le candidat officiel soutenu par l’Élysée et le parti La République en marche (LREM) d’un côté. De l’autre, le dissident qui n’a pas accepté la méthode de sélection des candidats et qui vient de se faire exclure. Vous allez dire que c’est moins bien comme affiche. Que Griveaux a le charisme d’un commissaire aux comptes de PME et que Villani, avec ses pin’s d’araignée et sa lavallière (qu’il ne porte plus pour cette campagne), est vraiment trop
Bobino. Le rendez-vous a été fixé à 19 heures. Mais il y a beaucoup de retard. Pour entrer dans la salle de spectacle, il faut attendre stoïquement sous les rafales de pluie avant de subir une palpation, d’ouvrir son sac et laisser sur place sa bouteille d’eau. Pourquoi ? Parce que ce sont les consignes, et parce que l’équipe de Benjamin Griveaux craint les débordements. Des gilets jaunes ont appelé à manifester, pas contents d’une déclaration ancienne de l’intéressé vis-à-vis de leur mouvement. La police est donc venue en nombre, mais elle laisse les manifestant entonner le désormais fameux « On est là, on est lààà ». Dans la file d’attente, remplie de jeunes et surtout de moins jeunes habillés très bourgeoisement, certains commencent à s’inquiéter. « J’espère que ces sauvageons ne vont pas abîmer ma moto », glisse, mi-inquiet, mi-ironique, un homme à un ami.