Le couple est improbable, le lieu ne l’est pas moins. À gauche, Jean-Noël Barrot, le cheveu ras pour s’adapter à une calvitie précoce et le verbe précis de l’économiste, nouveau député des Yvelines arrivé à l’Assemblée avec la vague En marche mais issu d’une lignée d’hommes politiques démocrates-chrétiens (dont son père Jacques, décédé en 2014). À droite, Alice Zagury, dirigeante de « l’accélérateur de start-up » The Family, figure du monde des jeunes entreprises du numérique reconnaissable à ses longs cheveux bouclés. Il est 13 heures ce vendredi 1er décembre et les tables sont dressées pour une vingtaine de convives dans la salle de restaurant du golf de la Boulie, à quelques kilomètres de Versailles – dans la circonscription du parlementaire. Debout devant une fenêtre donnant sur le green, le politique et la dirigeante expliquent aux petits patrons membres du club des entrepreneurs de Jouy-en-Josas leur chasse aux idées pour permettre aux entreprises de mieux se financer. Le gouvernement leur a demandé d’aller voir le maximum d’acteurs pour nourrir le plan d’action pour la croissance et la transformation – acronyme choisi : le « Pacte » – qui devrait devenir un projet de loi au printemps prochain. Et, avant d’envoyer lundi leurs propositions au ministre de l’Économie Bruno Le Maire, ils font le job. « N’hésitez pas à parler de toutes vos problématiques : vos problèmes de financement et de crédit concernant vos entreprises, lance avec un air enthousiaste Alice Zagury. On veut changer les choses en partant du terrain et de la pratique. On doit rendre un rapport dans deux semaines, donc toutes les idées sont les bienvenues. Venez me voir et pitchez-moi votre boîte ! »
À la recherche de ce qui fait la doctrine économique de Macron, on ne pouvait que sauter sur une telle initiative. D’une part, parce qu’elle est inédite : demander à des duos parlementaire-patron (en plus de Barrot et Zagury, quatre autres couples et un trio ont été formés pour réfléchir au développement des entreprises) d’initier un processus législatif n’a, à notre connaissance, jamais été fait dans l’histoire de la République. D’autre part, parce qu’on revient ici à l’une des promesses du macronisme : faire remonter de la « société civile », comme lors de la « grande marche » du printemps 2016, des propositions pour transformer le pays. Engagement qui avait ensuite été largement oublié, comme on avait pu le constater.