«Ici, on est en train d’écrire l’avenir ! », s’exclame Roland Lescure, le 13 février dernier, à Rittershoffen, dans le Bas-Rhin. L’objet de l’enthousiasme du ministre délégué chargé de l’Industrie ? Un projet d’extraction de lithium géothermal développé par l’entreprise Électricité de Strasbourg et le groupe minier français Eramet. Le projet « EuGeLi » (European Geothermal Lithium Brine) se veut particulièrement vertueux, grâce à une méthode nouvelle qui repose sur la géothermie profonde, déjà exploitée dans le bassin du Rhin. Depuis plusieurs années, Électricité de Strasbourg
C’est sur le procédé de captation de l’hydroxyde de lithium qu’Eramet et Électricité de Strasbourg travaillent depuis trois ans. Leur « éponge à lithium » contenant des granulés d’aluminium, une fois branchée sur le tuyau d’extraction de l’eau chaude, permet de capter le précieux métal blanc avant que la saumure ne soit réinjectée dans le sol via un second puits. Une méthode bien moins gourmande en eau que les procédés d’extraction développés jusqu’à présent (lire l’épisode 2, « Lithium dans l’Allier : les dés sont-ils pipés ? ») et qui a pour intérêt de faire d’une « mine » deux coups. « Nous aurons non pas le beurre et l’argent du beurre, mais la chaleur et le lithium de la chaleur », a résumé Roland Lescure lors de sa visite sur le site d’extraction pilote.
Dans les villes alentour, pourtant, l’enthousiasme n’est pas aussi chaud bouillant, la géothermie profonde posant quelques menus problèmes sismiques… Car à pomper et réinjecter les fluides se déplaçant dans les failles du sous-sol rhénan, le risque est grand d’y augmenter la pression, jusqu’au grand tremblement. La population locale se souvient encore des séismes provoqués en 2019 et en 2020 par la centrale géothermique de l’entreprise Fonroche à Vendenheim, à une quarantaine de kilomètres de Rittershoffen. Le projet a dû être totalement mis à l’arrêt.
Le problème de la transition énergétique, c’est que les investissements qu’elle nécessite auraient dû être faits il y a dix ans. Ils ne l’ont pas été.
Mais les protestations alsaciennes pourraient bien être balayées par la promesse d’un lithium « made in France », couplée, en sus, à celle d’une énergie locale et bas-carbone.