Il n’y a désormais plus aucun contre-pouvoir journalistique au sein des médias de Vincent Bolloré. Plus personne pour s’élever contre telle décision des directions de Paris Match, du JDD, de CNews ou d’Europe 1, pour protester contre telle couverture, pour dénoncer telle pression, pour revendiquer des principes déontologiques, rien de rien. En effet, selon nos informations, mardi 30 janvier, la société des journalistes de Paris Match s’est dissoute. Le même jour, la SDJ du JDD se sabordait également. Un mouvement déjà observé à Europe 1, où elle n’a jamais été réactivée après le départ, en 2021, d’une centaine de salariés refusant la mise sous tutelle de la radio par la chaîne info. Et aussi chez CNews, où elle a disparu en mai 2023. Strike. Voilà le bar complètement open pour que Vincent Bolloré mène ses médias totalement à sa guise, sans la moindre voix pour moufter.
Rappel : une société des journalistes (ou des rédacteurs, c’est selon) est chargée de défendre les droits moraux d’une rédaction, de faire respecter son indépendance vis-à-vis de son propriétaire et de veiller à la déontologie journalistique couchée noir sur blanc dans une charte. Une charte dont l’adoption est obligatoire depuis la loi Bloche de 2016. Si les rédactions ne sont pas tenues par la loi de se doter d’une SDJ, tous les grands médias en ont une, dont les prérogatives varient selon les titres. Elle diffère des syndicats qui défendent le journaliste en tant que travailleur et en un point précis : les élus de la SDJ ne sont pas des salariés protégés, contrairement à ceux des syndicats. Il s’agit donc de monter au front quitte à se heurter à une direction en assumant les conséquences.
À Paris Match, la dissolution de la SDJ est la conséquence directe du magnifique conte de Noël bolloréen que Les Jours vous narraient en décembre (lire l’épisode 60, « Vincent Bolloré crèche bien à “Paris Match” ») : une crèche en une de l’hebdo, ce qui n’était pas arrivé depuis les années 1970, et, surtout, pas n’importe quelle crèche puisqu’il s’agissait de celle du foyer Jean-Bosco, aka les bonnes œuvres de… Vincent Bolloré, dirigées par son confesseur personnel, l’abbé Grimaud. Une couverture assortie de vingt pages intérieures de bondieuseries. Qui font logiquement bondir en interne, notamment celles consacrées à la crèche signées Aymeric Pourbaix, soit le présentateur d’