Bolloré partout, succès nulle part. Le remuant magnat des médias a beau accentuer chaque jour la pression qu’il exerce sur le groupe Lagardère – dont, rappelons-le, il n’est toujours pas propriétaire, son OPA étant à peine déclenchée –, rien n’y fait. En témoignent les résultats d’audience d’Europe 1, issus de la nouvelle vague mesurée par Médiamétrie et publiés ce jeudi : cata. En témoigne le brusque changement de direction au Journal du dimanche, trois mois à peine après le remplacement d’Hervé Gattegno par Jérôme Bellay, viré ce mercredi au bénéfice de Jérôme Béglé, venu du Point mais surtout de CNews dont il est un des invités (payés) permanents : ça ne va pas.
Vague après vague, Europe 1 glougloute à 4,2 % de part d’audience, désormais mise au ban des radios généralistes. La précédente mesure de Médiamétrie, pour septembre-octobre, avait sonné l’alerte pour la station, qui inaugurait alors une grille décalquée de CNews (lire l’épisode 26, « Bolloré casse l’audience à Europe 1 ») ; la nouvelle, qui couvre la période novembre-décembre, confirme l’échec : avec 2,2 millions de fidèles quotidiens, Europe 1 perd pas loin de 200 000 auditeurs d’une vague à l’autre et près d’un demi-million en un an. Et le mouvement se confirme dans les audiences quart d’heure par quart d’heure, auxquelles seules les radios ont accès – vous inquiétez pas, on les a récupérées. Au moment crucial de la matinale, qui rassemble le plus d’auditeurs, l’émission de Dimitri Pavlenko tient de ces villes fantômes du far west où ne volettent plus que quelques angoissants tumbleweeds : en un an, l’audience de la tranche 6 h 30-9 heures a perdu 22 % de son public, et 12 % depuis l’arrivée du pas riant du tout Pavlenko. Avec un gouffre qui s’est ouvert à la place de ce qui était le pic d’audience d’Europe 1 à 8 h 45 : 34 % des fidèles de l’humoriste Nicolas Canteloup, viré en fin de saison dernière, s’en sont allés, peut-être chez Laurent Gerra sur RTL ou, dans un autre genre d’humour, chez Jean-Jacques Bourdin sur RMC, les seules radios généralistes à voir leur audience monter à cet horaire.
Et c’est toute la grille de la matinée qui pâtit de cette balle dans le slip que s’est tirée la direction, l’audience d’Europe 1 ne retrouvant de véritables couleurs qu’à la faveur des rares émissions de l’ancienne grille épargnées par Bolloré : Hondelatte raconte et ses faits divers, idoines pour accompagner la sieste postprandiale, et l’émission de Stéphane Bern qui suit.