Lorsque les concerts ont repris tant bien que mal entre les deux confinements de 2020, le Français Kim Giani a tout donné. Chanteur, auteur, compositeur, multi-instrumentiste perpétuellement curieux d’inventer de nouvelles façons de faire circuler sa musique, il a alors organisé des concerts à domicile, dans des jardins, dans des bars de Paris ou d’ailleurs. Partout où il pouvait poser son petit ampli à piles et chanter ses chansons accompagnées à la guitare. Mais cette parenthèse fragile n’a pas duré longtemps et il a fallu une nouvelle fois se replier à la maison, loin du public. C’est là que Kim, qui multiplie les projets depuis la fin des années 1990 et a encore publié pas loin d’une dizaine d’albums en 2020, a décidé de tenter autre chose. « Quand j’ai vu le confinement revenir, j’ai lancé un abonnement sur Patreon (un dérivé de l’anglais “patron” qui signifie “mécène”, ndlr) », l’une des principales plateformes qui permettent à tout un chacun, notamment à des youtubeurs ou à des artistes, de proposer à leurs fans de payer une somme mensuelle en échange d’œuvres ou de rendez-vous réguliers. Comme on s’abonne aux Jours, c’est un abonnement à une personnalité. Pour Kim Giani, « c’est une réponse au fait de ne pas pouvoir jouer, mais aussi au streaming où on ne gagne pas grand-chose ». Et de commencer à détailler son business plan : quatre formules d’abonnement à 3, 10, 30 ou 50 euros par mois. La première promet un morceau inédit, un dessin et une vidéo, la deuxième quatre albums annuels dont un réservé aux abonnés, la dernière y ajoute carrément un concert à domicile.
Pour l’instant, Kim a dix abonnés qui lui rapportent 106 euros par mois. Ça ne permet pas de vivre, mais « c’est déjà presque autant que les 140 euros que je gagne en numérique par mois, pour 40 000 streams », explique-t-il. « Il me faudrait en moyenne 150 abonnés pour gagner ce que je gagne dans ma vie de musicien » : des revenus issus à 90 % des concerts et de l’intermittence et à 10 % des disques, en physique et sur internet. « C’est hallucinant quand on y pense : 150 personnes, ce n’est pas tant que ça » et c’est atteignable pour un chanteur qui est largement sous les radars médiatiques comme Kim, mais qui a construit au fil des années une communauté de fans fidèles avec qui il entretient un lien direct via les réseaux sociaux, qu’il arrive à faire venir pour un concert itinérant ou un dimanche matin dans un bar.