C’est un objet télévisuel non identifié que nous publions ici. Un objet télévisuel qui, selon les informations des Jours, a fait son apparition sur Canal+ le vendredi 22 décembre dernier à 7 h 03 très précisément : une vidéo de promo du Togo. Une vidéo promotionnelle vantant cette terre d’investissement qui prend son destin en main, ce « pays stable et disposant d’infrastructures modernes », sa « stabilité politique qui sécurise tout le pays et encourage des investissements venus du monde entier ». À l’appui, des images d’Emmanuel Macron avec le président togolais. D’ailleurs, dit la vidéo, « c’est le pari du président togolais Faure Gnassingbé, un pari reconnu aujourd’hui par les plus grands experts comme l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair » dont quelques mots sont diffusés. Des imprimantes 3D, des panneaux solaires en milieu rural, et clame la voix off, « le Togo est considéré aujourd’hui dans tout le continent comme un modèle ». À Canal+, le programme n’était pas annoncé, on n’en retrouve la trace nulle part, pas même dans le logiciel qui recense tout ce qui a été diffusé à l’antenne. Six minutes et demie d’un publireportage sur le Togo tombé d’on ne sait où.
Sauf qu’on sait trop bien d’où il est tombé, ce publireportage : il provient tout droit des juteuses activités de Vincent Bolloré au Togo où il exploite le port autonome de Lomé, où il a inauguré en octobre dernier, dans la capitale encore, un CanalOlympia, une salle de cinéma comme il en a ouvert plusieurs en Afrique. Et ce publireportage est la conséquence directe de l’affaire qui a agité le groupe le mois dernier. Souvenez-vous de l’histoire contée par Les Jours. En octobre, l’émission de Canal+ L’Effet papillon diffuse « Togo : lâche le trône », un reportage sur l’opposition togolaise sévèrement réprimée par le président Faure Gnassingbé qui, contre la constitution du pays, brigue un nouveau mandat. Sitôt son passage à l’antenne, l’émission est passée à la trappe, les rediffusions sont toutes supprimées et on ne trouve plus trace du sujet ni sur le site de Canal+, ni sur le compte YouTube de la chaîne. Mais un mois plus tard, à la suite d’une bourde, le reportage interdit est retransmis en Afrique, sur Canal+ International. Sanction : une chargée de programmation est aussitôt convoquée pour être licenciée, bientôt suivie de François Deplanck, le numéro 2 de Canal+ International. Rien que ça.