Le possible prochain président de la République mouillé dans une affaire d’emploi fictif ? Pensez donc, du pain bénit pour les chaînes info. Sitôt la révélation de l’affaire Penelope Fillon, elles sont toutes sur le pont. Certes, i-Télé, la chaîne info du groupe Canal+ ne s’y met que mercredi matin, mais elle est toujours dans les affres de son hémorragie de journalistes toujours pas remplacés. D’ailleurs, mercredi matin à 6 heures, l’affaire est abordée dès l’ouverture de l’antenne. Un sujet prudent qui cite Le Canard enchaîné qui a révélé l’affaire, utilise des conditionnels… Il est diffusé à 6 heures, 6h30, 7 heures. Puis plus rien. Dans les éditions suivantes, plus rien de rien sur Penelope Fillon. Et pour cause : selon nos informations, le directeur et directeur de la rédaction d’i-Télé Serge Nedjar a exigé que soit ôtée de l’antenne toute mention de l’affaire et ce plusieurs heures durant. Oui, ça s’appelle de la censure.
Après avoir essuyé une grève de trente-et-un jours sans bouger d’un pouce, après s’être bien enfoncé sur la tête son impossible double casquette de directeur d’i-Télé et de patron de la rédaction, après avoir fait s’enfuir les trois quarts des journalistes, 98 pour l’heure, après n’avoir toujours pas lancé CNews, le nouvel avatar de la chaîne, Serge Nedjar a encore frappé. Mercredi matin, il s’est surpassé. Cette petite histoire de rien du tout concernant l’emploi fictif de l’épouse de François Fillon, il l’a trappée. Poubelle. Il est autour de 7 heures du matin, mercredi, quand le portable du rédacteur en chef de la Matinale d’i-Télé retentit. C’est Serge Nedjar, le grand chef, quoi. Et il donne l’ordre : on enlève des JT tout ce qui concerne l’affaire Penelope Fillon. Même du bandeau en bas de l’écran où déroulent les infos, tout disparaît. Rien sur le site d’i-Télé, black-out sur l’affaire Fillon. Ho-ho… L’explication de ce coup de force ? Ce sont des infos du Canard enchaîné, avance Nedjar, rien n’est avéré, tout doit disparaître. La présomption d’innocence, n’hésite-il pas, ce même argument qui avait été servi pour justifier l’arrivée à l’antenne de Jean-Marc Morandini sur i-Télé en octobre, malgré sa toute récente mise en examen.
Forcément, la conférence de rédaction de 9 heures se passe mal. Serge Nedjar s’explique longuement, il n’a pas voulu jeter un nom en pâture comme ça, il n’y avait pas de contrepoint. Le peu de journalistes qui n’ont pas quitté i-Télé, une trentaine max, s’étranglent.