Le match des droits du foot de Ligue 1 s’est joué à huis totalement clos. Avec une seule équipe, celle de la Ligue de football professionnel (LFP), sur le terrain cossu de son cabinet d’avocats d’affaire Clifford Chance dans le VIIIe arrondissement de Paris. En face : des inconnus jouant à distance par l’entremise de lignes téléphoniques sécurisées par des huissiers. Sur la touche : Canal+, prêt à entrer en seconde mi-temps. À l’issue de la première, le résultat est… nul. Et même complément nul, aucun diffuseur potentiel n’ayant déposé d’offre, annonce la Ligue. La seconde s’ouvre donc, qui verra cette fois la LFP négocier en direct et à peu près en secret avec les éventuels candidats, et à laquelle le groupe de Vincent Bolloré, bien qu’il ait fait sa rosière jusqu’à présent, prendra évidemment sa part.
C’est un drôle de sport que celui des droits télé du football, et aux règles étranges. Ainsi que l’a raconté L’Équipe, depuis ce lundi 16 octobre 10 heures, une vingtaine de cadres de la LFP dont son président Vincent Labrune ont été enfermés chez Clifford Chance, sans portable ni connexion internet (les pauvrets ont même dû dormir sur des lits de camp achetés pour l’occasion), pour étudier les propositions des candidats et mener l’appel d’offres. Cette équipe, c’est celle de LFP Media, la filiale de la Ligue créée en mars 2022 pour commercialiser au mieux les droits du foot. CVC Capital Partners, un gros fonds d’investissement, est entré au capital de LFP Media en avril suivant : 1,5 milliard d’euros contre 13,04 %. Depuis une première expérience fructueuse avec la formule 1 (un milliard de dollars misé en 2006, cinq récoltés lors de la revente de sa participation en 2016), CVC Capital Partners investit ainsi dans les droits du sport et singulièrement dans le foot, avec, en Espagne, un schéma analogue à celui de la ligue française. S’agit désormais qu’ils crachent, ces droits du foot qui financent les clubs professionnels, les amateurs, et doivent rapporter gros à CVC.
Pour ce faire, la méthode était plutôt simple. Pour décrocher le premier lot (à savoir les deux plus belles affiches de chaque journée de championnat de Ligue 1, ainsi que la quatrième), le prix de base était de 530 millions d’euros par an et ce pendant un quinquennat. Pour le second (tous les autres matchs, ainsi que les trois du lot 1 mais en différé), le tarif minimum était à 270 millions d’euros. Pour les trois autres, à savoir les droits de magazines hebdomadaires (correspondant à