Le 23 juin 2021 est une date dont se souviendra Maïtena Biraben. Ce jour-là, l’ancienne animatrice du Grand Journal de Canal+ a gagné en appel contre son ancien employeur, condamné à lui verser 3,5 millions d’euros pour licenciement « sans cause réelle et sérieuse ». La somme est maousse mais elle explique tout : il était noté noir sur blanc à l’article 9 du contrat de Maïtena Biraben que, si son départ intervenait avant le 1er septembre 2016 du fait de Canal+, alors la chaîne devrait lui verser 2,5 millions d’euros. Et c’est pour ne pas avoir à débourser ce parachute très très doré que Canal+ a annoncé, le 2 juin 2016, la démission de Maïtena Biraben. Pour cela aussi qu’en juillet suivant, ainsi que Les Jours le dévoilaient alors (lire l’épisode 22, « Jour de “faute” à Canal+ pour Maïtena Biraben »), la présentatrice voyait son licenciement assorti d’une « faute grave ». La cour d’appel de Versailles vient de la rétablir dans ses droits. Le jugement que Les Jours se sont procuré retrace, correspondance par mails à l’appui, son éviction. Celle que Vincent Bolloré avait absolument tenu à installer là, dans la vitrine de la chaîne, la portant aux nues au point de lui assurer qu’elle présenterait Le Grand Journal « jusqu’en 2022 », y a vécu une saison 2015-2016 détestable : éreintée dans la presse, en froid avec la production au point que son malaise crevait l’écran, Maïtena Biraben se fait, en plus, salement éjecter. Voici la reconstitution, mails d’origine comme preuves, d’une éviction forcée qui témoigne de la violence des échanges dans le Canal+ de Vincent Bolloré.
Lundi 30 mai 2016, première réunion
Siège de Canal+, à Boulogne
Présents : Maïtena Biraben, Gérald-Brice Viret, directeur des antennes de Canal+, Franck Appietto, directeur des programmes de flux, les deux producteurs de Flab.
Attestation au tribunal de Gérald-Brice Viret : Maïtena Biraben lui « signifie verbalement », ainsi qu’à Franck Appietto, directeur des programmes de flux, « qu’elle ne comptait pas poursuivre la présentation de la quotidienne Le Grand Journal ». Est organisé « le 31 mai après-midi un rendez-vous avec elle pour trouver une solution ».
Maïtena Biraben aux Jours : « C’est la réunion pour établir l’éditorial de l’année d’après. On n’est déjà plus dans le Canal que je connais, on est dans un truc froid, urbain, fonctionnel. Ce n’est pas comme si je sortais d’une année à la cool, on est rincés à ce moment-là, dans tous les cas on l’est, mais dans ce cas-là particulièrement. Elle était très dure cette année. Là, c’est pas sympathique. On se dit ce qu’on veut faire, pas faire, où on veut aller, pas aller… Je demande à être associée aux décisions autour de la production, ça ne me paraît pas grotesque étant donné l’année qu’on vient de passer. Jamais je ne laisse entendre que je démissionne. »