Au cœur du vieux bourg de La Colle-sur-Loup, village provençal propret à une quarantaine de kilomètres de L’Escarène, le bar-restaurant Le Saint-Éloi est un centre névralgique. On y sert de généreuses assiettes
Morgan Lebsir habite à La Colle-sur-Loup depuis son adolescence. Ce journaliste de 37 ans, prof principal à l’École de journalisme de Nice, me reçoit en chemise blanche, chaleureux et courtois, et déroule un récit clair, posé. « Dans le village, les gens ont été choqués. Surtout ceux de notre génération. Jérémy a fait sa scolarité ici, à La Colle, et c’était quelqu’un de populaire, de très apprécié. Cette mort violente est incompréhensible, et tout le bruit médiatique a alimenté des fantasmes. » Comme Jérémy, Morgan avait emménagé dans le Sud à la suite du remariage de sa mère. Ils avaient un peu le même parcours, lui et Jérémy
Je pense que le silence du maire notamment, et plus généralement du village, le fait qu’il ait fallu que la presse s’en mêle
– tout ça a alimenté les fantasmes. Il aurait fallu tout de suite faire une déclaration pour désamorcer les choses.
Quand il se refait le fil des événements qui ont conduit à la mort de Jérémy, Morgan reconnaît dans L’Escarène plusieurs choses. Une certaine forme de déclassement et d’entre-soi, déjà, typique des villages de la région. Cette nouvelle démographie aussi, de gens des villes venus chercher dans l’arrière-pays l’espace et la tranquillité