Breaking news, le parquet de Pontoise est vivant ! Aux abonnés absents depuis des semaines, il a répondu. Mieux que ça, il s’est enfin décidé à rouvrir le dossier du docteur T. après plus de dix mois d’inaction. Et il y a du nouveau : le gynécologue de Domont mis en examen pour viols et agressions sexuelles sur des dizaines de patientes depuis 2014, libre sous contrôle judiciaire, est désormais visé par « près de 130 plaintes » d’après un ministère public qui se refuse à être plus précis. En plus des 118 enregistrées par la gendarmerie jusqu’en 2019, et révélées par Les Jours dès le premier épisode de cette enquête, une dizaine d’autres plaintes auraient été déposées directement devant la juge d’instruction. Combien exactement ? « Je ne vais pas m’amuser à compter une à une les dépositions », nous a rétorqué au téléphone la vice-procureure de Pontoise avant de nous raccrocher au nez, très agacée.
Dommage, parce que jeudi, on a lu un peu n’importe quoi sur ce scandale d’une ampleur inédite. Nos confrères de RTL, repris par de nombreux médias, faisaient état de 43 nouvelles plaintes, portant le total de 118 à 161. Problème : « Ce chiffre est erroné », nous écrit le parquet de Pontoise dans un mail lui-même assez confus, où cette phrase était soulignée au cas où nous n’aurions pas bien compris laquelle il fallait relayer en priorité. Il ne s’agit pas de 43 dépositions supplémentaires mais d’un réquisitoire supplétif pris en octobre dernier par le procureur et visant 43 plaintes qui font déjà partie des « près de 130 ». Objectif de ce nouvel acte de procédure ? « Entendre de nouveau le mis en examen durant le premier trimestre 2022 sur ces 43 plaignantes, pour lesquelles [le docteur T.] n’avait pas été interrogé lors de son dernier interrogatoire survenu le 5 janvier 2021 », selon le parquet.
Dans cette affaire tentaculaire, il faut s’accrocher. Comme nous l’expliquions précédemment, sur les 118 plaintes « initiales », enregistrées jusqu’en 2019 d’après un procès-verbal consulté par Les Jours, seules 86 portant sur des faits non-prescrits avaient été retenues dans la mise en examen. Ce qui correspond à 75 viols et 14 agressions sexuelles, certaines patientes ne dénonçant que l’une ou l’autre infraction, et d’autres, les deux. En janvier 2021, le médecin avait alors été interrogé par la juge d’instruction « uniquement » sur ces 86 faits en question.
C’est très attristant pour toutes ces victimes qu’il faille attendre que les médias s’emparent de l’affaire pour que ça mette un coup de pied dans la fourmilière.
Jusqu’à ce récent rebondissement procédural, toutes les autres plaintes étaient passées à la trappe pour cause de prescription, certains faits remontant aux années 1990, ou même d’oubli pur et simple (lire l’épisode 2, « “La justice nous a oubliées” »).