Beyoncé, The Lion King: The Gift (Parkwood Entertainment/Columbia Records, 2019)
Beyoncé est généreuse, c’est son truc. Après avoir sorti ces dernières années un album surprise (Beyoncé, 2013), un grand disque de femme trompée (Lemonade, 2016) et un live au festival Coachella, le tout accompagné de films et de vidéos, elle revient avec un disque qui réimagine en musique Le Roi Lion de Disney, récemment rebooté à coup d’effets spéciaux.
Je n’ai pas vu ce film, le dessin animé original me suffira. Beyoncé y prête sa voix à Nala, la promise du héros, Simba, en plus d’interpréter une version revisitée du principal tube du film : la scie Can You Feel the Love Tonight, toujours avec force flûte et violons qui dégoulinent dans la savane. Elle aurait pu s’arrêter là et passer à autre chose, on aurait tranquillement oublié ce morceau en se disant que Beyoncé avait peut-être une facture à payer.
Mais Beyoncé est généreuse, on l’a dit. Voilà donc The Gift, 14 titres entrecoupés d’interludes tiré du film
Bref, Beyoncé aurait pu faire ce disque sans se mêler du Roi Lion, car The Gift est un disque intéressant dans sa carrière. Un mouvement que l’on a déjà vu chez Nina Simone et moult jazzmen noirs : faire le trajet inverse de celui vécu dans des conditions dramatiques par leurs ancêtres esclaves, pour essayer de mieux comprendre. Sentir, effleurer le continent-racine. Beyoncé le fait à sa façon bling-bling, avec trois coiffeuses et douze danseuses, mais la démarche n’en est pas moins personnelle. Elle a d’ailleurs emmené sa fille pour l’occasion, Blue Ivy, qui apparaît dans le disque.
Côté musique, The Gift empile les invités de saison (Childish Gambino, Diplo, Jay-Z as usual) mais rassemble surtout de nombreux artistes en vue à travers l’Afrique : les Nigérians Yemi Alade, Burna Boy et Wizkid, qui a explosé aux côtés de Drake, le Camerounais Salatiel ou encore le producteur underground sud-africain DJ Lag.